La jeune mariée était resplendissante, vêtue d'un ensemble couleur crème composé d'un bustier moulant et d'une jupe droite en satin rallongée par un jupon de tulle tissé. Ses épaules étaient couvertes par une veste boléro à petit col montant en tulle brodé. Ce savant mélange de classicisme et de modernité transportait l'imagination dans un univers féerique rempli de magie et de séduction. Les matières les plus nobles telles que la soie, le satin et le tulle permettaient d'exprimer pleinement la sensualité de cette femme qu'était Christa.
Elle sortit sous les applaudissements des invités et des badauds d'une Rolls Silver Wraith. Le jeune marié la suivit. A côté de la splendeur de la femme devenue sienne depuis quelques minutes seulement à l'hôtel de ville, il faisait pâle figure mais offrait un spectacle loin d'être affligeant. Son costume de couleur ivoire se composait d'une redingote se fermant par trois boutons en tissu, arrivant à hauteur de genoux, d'un gilet tailleur et lavallière assortis en soie, d'une chemise au col à l'italienne et d'un pantalon de soie avec un pli. Un chapeau haut de forme parfaisait le tout bien qu'inutile.
Il y avait foule par ce jour ensoleillé de juillet. Les invités étaient venus en nombre pour assister à cette cérémonie hors normes. Un nombre incalculable d'australiens foulait les pavés de la ville de Nice à cet instant précis. Impatiente à l'idée de voir les mariés unis par les liens du seigneur, la troupe se dirigea avec une agitation marquée à l'intérieur de l'édifice religieux. Une fois installée, le marié s'avança jusque devant l'autel, près à accueillir sa bien aimée.
Cette dernière ne se fit pas attendre plus longtemps. Son apparition dans l'église entraîna une acclamation générale. Elle était réellement magnifique. Elle glissa avec majesté afin de rejoindre son futur époux. La cérémonie religieuse était sur le point de démarrer. Le prêtre fit asseoir l'assemblée. Alors qu'il allait indiquer au joueur d'orgue de cesser la musique afin de démarrer son discours de bienvenue, la porte principale s'ouvrit n'oubliant pas de grincer fortement par la même occasion.
Un couple fit son apparition. L'homme, plutôt ordinaire portait un costume d'une grande simplicité de couleur bleu pâle. Un sourire idiot était figé sur son visage.
La femme, d'une taille impressionnante, était parée d'une robe d'été en lin s'arrêtant au dessus du genoux, de couleur noire, un noeud noué dans le dos. Son décolleté plongeant laissait imaginer une poitrine généreuse et bien proportionnée. Ses escarpins aux talons aiguilles d'une hauteur impressionnante, divinisaient à eux seuls cette créature. Son visage était dégagé de ses cheveux noir corbeau coiffés en un sublime chignon. Ses yeux, d'un bleu cristallin, étaient animés d'une lueur mortelle.
Le joueur d'orgue cessa son exercice. Le bruit des talons hauts résonna dans tout le monument. La femme s'installa au premier rang esquissant un léger sourire aux futurs mariés. Elle sussura ces quelques mots: « Avec tous mes compliments ».
« Christa? Christa? Es-tu prête? » demanda inquiet Alexander.
La française s'était retournée comme le gros de l'assemblée afin de scruter les retardataires. Son regard s'était alors posé sur la nouvelle arrivante et ne parvenait plus à s'en décrocher. Une sensation de malaise s'introduisit furtivement en elle. Ses jambes tremblèrent sans pouvoir s'arrêter et finirent finalement par se dérober. Un grand « Ho! » accompagna la chute de la mariée au devant de l'autel.
Alexander la rattrapa in extremis et demanda à ce qu'on lui apporte un peu d'eau. Sa mère, Caitlin ne put s'empêcher de répéter à de multiples reprises « C'est l'émotion, c'est l'émotion! ». La mariée remise sur pied fit un signe de tête au prêtre afin de l'aviser qu'elle était prête. Elle se retourna une fois encore en direction de la retardataire. Cette dernière se tenait droite, avec fierté. Elle fronça un sourcil, un sourire en coin, comme si elle attendait qu'un événement se passe.
Le prêtre put ainsi formuler son petit discours de présentation. La cérémonie se déroula sans encombre jusqu'au fatidique questionnement.
« Alexander, voulez-vous prendre pour épouse Christa?
- Oui je le veux, répondit sans hésitation le jeune marié.
- Et vous Christa, voulez-vous prendre pour époux Alexander?
- ... Oui.
- Comment?
- Oui je le veux se ressaisit la mariée.
- Je vous déclare mari et femme et unis par les liens sacrés du mariage. Vous pouvez embrasser la mariée. »
Un téléphone portable sonna à ce moment inopportun. Emily décrocha avec simplicité sans considérer la gêne occasionnée. Elle répondit en espagnol, sa voix faisant écho entre les murs épais de la nef, se releva promptement de son siège toujours sans embarras aucun, et sortit de l'église ignorant avec une légèreté désarmante la fin de la procession. Son visage, d'une froideur extrême ne laissa transparaître aucun sentiment, que ce soit de la joie ou au contraire de la colère. Une indifférence totale s'y lisait, sans plus. Il fut bientôt paré d'une paire de lunette noires Dior masquant chaque changement tangible d'humeur.
La sortie des jeunes mariés de l'église fut couverte de « Hourra » et de « Bravo » assistés du jeter traditionnel de pétales de rose et de grains de riz. Une troupe de musiciens ambulants spécialement engagés pour le mariage accueillit le jeune couple jouant une mélodie endiablée. Les réjouissances ne faisaient que débuter.
Alexander put distinguer dans la masse la personne inattendue en ce jour, sa soeur Emily. Il s'approcha hâtivement et avec une certaine excitation.
« Je suis heureux que tu sois là même si je ne m'attendais pas à ce que tu viennes, lui annonça t-il en la prenant dans ses bras. Alors qu'en dis-tu? Ne suis-je pas beau comme ça? Ne suis-je pas un homme maintenant?
- Oh que si, s'efforça t-elle de dire en souriant. Belle cérémonie. Je suis désolée d'avoir manqué la mairie.
- Tu n'as rien manqué, le plus important c'est le mariage religieux. J'ai tant de questions à te poser, je ne sais pas par où commencer!
- Ne t'occupe pas de moi aujourd'hui voyons, occupe toi plutôt de ta jeune épouse, c'est ton mariage je te signale.
- Tu ne crois pas t'en tirer à si bon compte, la soirée va être longue, nous aurons l'occasion de reparler de certaines choses toi et moi » lui cria t-il en rejoignant Christa qui n'avait pas bougé de sa place depuis la sortie de l'église.
Emily rejoint le gros de la foule afin de retrouver qui plus est son cavalier du jour. Elle avait demandé à Caleb, bien que le connaissant depuis peu, de l'escorter. Le courant passait bien entre eux et ce garçon au premier abord simplet avait les qualités requises pour être le parfait ami.
La mariée s'adonna à l'exercice tant attendu du lancer de bouquet. Une jeune rousse était prête à s'en saisir lorsque contre toute attente, un bras venu de nulle part l'attrapa sous ses yeux provoquant son air déçu et résigné. Emily porta le bouquet au visage et huma l'odeur des lys blancs qui le composaient. Un sourire radieux se dessina sur son visage. Christa ne la quittant pas du regard, elle s'approcha de Caleb et l'embrassa à pleine bouche lui exhibant le fameux trophée. Caleb bien que surpris par cette démonstration parut apprécier le baiser mais avant même qu'il n'y participe plus activement, Emily s'en était allée surveillant du coin de l'oeil la réaction de la mariée. Christa regardait son nouvel époux d'un sourire forcé, un éclat de fureur perturbant tout de même ce tableau au premier abord naturel.
Caitlin se jeta littéralement sur sa fille la sermonnant tout d'abord.
« Ce n'est pas poli d'arriver en retard et qui plus est de repartir en avance! S'écria t-elle, Qu'est-ce qu'il s'est passé dans cette tête bon sang!
- Bonjour maman.
- Et puis où étais-tu pendant tout ce temps? Al m'a laissé entendre que tu faisais partie officiellement de l'ASIS.
- De quoi?
- Ton métier te prend vraiment trop de temps. Je suis contente que tu sois là quand même. Le mariage de ton frère, ce n'est pas rien. Nous avions peur que le faire-part ne parvienne pas à destination attendu que nous n'avions pas vraiment de destination à lui donner.
- Comment se fasse t-il que je sois là alors?
- Et bien ma chère Christa a fait un travail formidable, c'est elle qui s'est occupée de l'envoi des faire-part. Il faut croire qu'elle a réussi par je ne sais quel moyen à trouver ton adresse...
- Christa souhaitait que je me déplace?
- Oui enfin... surtout ton frère! Ta présence pour ce jour exceptionnel était nécessaire, on parle de ton frère là!
- Oui oui bien évidemment, répondit t-elle l'air oisif.
- Et qui est ce charmant jeune homme qui t'accompagne?
- Oh, un ami... Caleb je te présente ma mère Caitlin, maman voici Caleb.
- Je suis enchantée! Préviens-moi ma chérie du jour où vous passerez à l'acte, je m'occuperez avec la même attention de votre mariage! » Termina Caitlin en leur faisant un clin d'oeil avant de s'éloigner en trottinant.
Cette dernière remarque donna des idées à Caleb qui se permit, dans un élan imprudent, de saisir à l'aide de son bras la taille de sa cavalière. La réaction de cette dernière fut tout autre de ce qu'il avait espéré. Se décalant légèrement sur le côté, Emily ne donna qu'un coup, un seul mais placé stratégiquement et avec une force stupéfiante. A l'aide de son talon, l'attaque se dirigea tout droit sur la pointe du pied du drôle, lequel retira sans demander son reste son étreinte.
« Je ne te comprends pas, se défendit-il, tu m'embrasses fougueusement il y a à peine cinq minutes et là tu me rejettes. Je croyais que toi et moi, on pouvait...
- On ne peut rien, il n'y a rien, rétorqua t-elle d'un ton glacial.
- Tu es timide c'est ça? En fait, je te soupçonne d'être tombée folle amoureuse de moi sauf que tu n'oses pas laisser tes sentiments s'exprimer...
- Caleb...
- Le coup du bouquet, tu as pensé à la même chose que moi lorsque tu l'a eu entre les mains.. Nous formerions un beau couple ensemble...
- Caleb!
- Mais ne t'inquiètes pas je te laisserai tout le temps nécessaire...
- Arrête toi! S'énerva t-elle. Il ne s'est rien passé entre nous.
- Mais tout à l'heure...
- Je ne suis pas amoureuse de toi, je ne le serais jamais, alors maintenant arrête de te faire des films! »
Les invités furent conviés à rejoindre par leurs propres moyens la colline de Cimriez où se déroulerait la suite de la réception. La placette devant l'église se vida peu à peu, le brouhaha de la foule laissant place au silence et à la tranquillité.
Emily suivit fébrilement, au volant d'une voiture louée pour l'occasion, l'immense file de voitures klaxonnant au tout venant dans les petites rues de la citée Niçoise. Elle finit finalement par atteindre le lieu prévu. Observant minutieusement son environnement, elle déduisit qu'il s'agissait de la demeure de Christa. De nombreuses tables et chaises avaient été disposées sur une terrasse dont le revêtement du sol avait été spécialement mis en place pour l'évènement. Un immense chapiteau de couleur claire, aux façades amovibles, surplombait le tout. Des rubans et de nombreuses décorations au ton bleu pâle habillaient la place. Une piste de danse improvisée surmontée d'une estrade abritant le matériel d'un disc-jockey longeait une piscine à la taille olympique.
La soirée débuta par un vin d'honneur. Ce fut ensuite l'instant immanquable des photos, avec les amis, la famille, les connaissances... Emily tenta de s'éclipser discrètement lors de cette terrible épreuve. Ce ne fut pas au goût de son père, Liam qui la tira avec difficulté à l'endroit où les mariés s'adonnaient à cet exercice de style face à un photographe tout sourire clamant à qui voulait l'entendre « magnifique », « Serrez-vous un peu plus à gauche là! », « Les enfants devant, à genoux! », « Au tour des grands-parents! »...
Elle se mêla tant bien que mal à la masse lors des photos de famille, se positionnant toujours sur la ligne arrière. Sa taille ne lui aurait cependant pas permis de la dissimuler même derrière les autres. Alors qu'elle pensait la manoeuvre terminée, le photographe s'écria « Bon au tour des photos individuelles, tout d'abord les frères et soeurs du marié! ». Emily s'affola intérieurement sans toutefois laisser son émotion transparaître aux yeux des autres. Une peur panique d'approcher Christa de près s'était installée depuis son arrivée sur le territoire français.
'Ce n'est qu'une petite photo Mily, à côté d'Alex...'
Elle se dirigea vers le couple de la journée et se plaça à côté de son frère sans un regard pour sa nouvelle femme. Elle tendit son bras afin de serrer la taille de son frère pour les besoins de la photo. Contre toute attente, elle sentit la main de Christa frôler sa peau alors qu'elle se saisissait également de la taille du jeune homme. Ce simple geste provoqua une sensation de frustration difficile à expliquer et surtout à cacher.
« Vous là, en noir, soyez un peu plus souriante enfin! » pesta le photographe.
Emily ne répondait plus de rien. Impossible de bouger un seul des traits de son visage, elle était comme hypnotisée. Reprenant peu à peu confiance en elle, sa concentration nouvellement acquise s'écroula à nouveau alors que le contact d'un doigt fit son apparition le long de son bras. Plusieurs caresses, timides, accomplies avec une certaine réserve, s'exprimaient librement sur sa peau de ce fait hérissée. Sans trop savoir pourquoi, la main d'Emily lâcha dès lors la hanche de son frère pour soutenir et effleurer le bras de la mariée. La caresse fut rendue avec prudence bien qu'appuyée.
« C'est mieux ainsi! Oui, vous êtes tellement plus jolie lorsque vous souriez »
L'instant sembla durer une éternité, les phrases prononcées avec entrain par le photographe sonnant avec lenteur dans la tête des deux femmes. En fin de compte, leurs mains se rapprochèrent et s'enlacèrent paisiblement pour ne former plus qu'une.
« Au suivants! Les frères et soeurs de la marié! »
Les deux mains se lâchèrent prises de cours. Alexander se tourna vers sa soeur, le faciès affichant un sentiment de joie difficile à contenir. Il la prit dans ses bras, incapable de dire autre chose qu'un « si tu savais à quel point je suis heureux! ». Emily l'embrassa rapidement sur la joue en n'oubliant pas de le féliciter.
Elle se dirigea enfin vers une chaise posée à quelques mètres du bar et commanda un kir au serveur. De là, elle pouvait apercevoir à loisir l'atelier photos... Elle fut rejointe par Caleb. Celui-ci semblait préoccupé.
« Que se passe t'il Cal? Ne me dis pas que tu fais encore la tête par rapport à ce qu'il s'est passé tout à l'heure.
- Non, non... je ne vois pas pourquoi je te ferais la tête, tu n'es pas mon genre. Dit-il sans demi-mesure.
- Je préfère.
- Je me dis juste que... enfin... je pense que dans une vie on ne peut avoir qu'un seul grand amour.
- Mais encore?
- Et bien, si la personne que l'on considère comme le grand amour est déjà prise, tout va mal...
- Tu viens de croiser le grand amour? Plaisanta Emily. Une demoiselle d'honneur peut-être? Non, ce n'est pas ma mère quand même? Rajouta t-elle, enfonçant le clou.
- Cette Christa... elle dégage vraiment quelque chose qui sort de l'ordinaire. Je sais pas..
- Christa? Tu as un coup de coeur pour Christa?
- Je crois oui... » soutint Caleb, en se grattant compulsivement la tête.
Ce garçon n'avait rien de commun. Cette simplicité alliée à cette naïveté lui étaient uniques. Il baissait la tête comme pour se cacher de ce qu'il venait de révéler, comme pour ne pas montrer le sentiment d'impuissance ou de honte maintenant lisible sur les traits de son visage.
« Et que comptes-tu faire?
- D'abord, je vais tenter de connaître cette charmante personne et ensuite...
- Tu ne vas tout de même pas essayer de la séduire alors qu'aujourd'hui même elle se marie?
- Ah non! Surtout pas! Ce serait vraiment déplacé de faire ça. Je crois que si elle se marie avec cet homme c'est qu'elle pense que son bonheur en dépend. Alors je pense comme elle et comme je ne voudrais du coup que son bonheur et bien je ne peux que l'encourager à se marier avec cet homme. Tu saisis?
- Heu... oui je crois oui... Tu es difficile à suivre dans tes arguments tu sais?
- La séduire? Ou la tenter? Non je ne pourrais jamais lui faire ça.
- Moi non plus...
- Tu dis? Je n'ai pas entendu?
- Je disais que j'étais d'accord avec toi... »
L'affaire des clichés étant résolu pour Emily, son parcours du combattant n'en était pas pour autant achevé. Elle vit s'approcher en sa direction de lointains cousins et cousines, gentiment poussés par sa mère. Caitlin lui mènerait la vie dure ce soir... Des discutions, des souvenirs enfouis de l'enfance à leur situation actuelle, tout y passa.
« Ma fille » par ci, « Ma fille » par là.... La vision de sa mère à ce moment fut celle d'un bulldozer ravageant tout sur son passage et impossible à stopper.
« Maman, si tu laissais ces jeunes gens vaquer à leur propre occupation...
- Ne sois pas aussi sauvage Emily, pour une fois que tu peux te rapprocher de ta famille.
- Je peux très bien me débrouiller sans toi sur ce point!
- Quel caractère! Ça va, je vous laisse entre jeunes! » termina sa mère avant de retourner dans les jambes de la pauvre mariée.
Emily ne perdit pas une seconde, elle se défila pour une bonne partie de la soirée. Il lui était impossible de tenir dans de telles conditions. Elle se retira à l'arrière de la propriété. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, un petit bois terminait le domaine au pied de la colline. Spécialement aménagé, deux petits bancs en bois attendaient sagement qu'une entité daigne s'y asseoir. Elle ne se fit pas prier. Deux longues heures passèrent à un rythme peu soutenu. Chaque seconde, minute pesait sur les épaules de l'australienne consciente dès lors de son erreur. La tentation avait été trop pressante et avait pris le pas sur la raison. Elle expliquait sa venue.
« Je te trouve enfin! »
Alexander apparut soudainement.
« Je te cherche de partout depuis tout à l'heure! Nous allons nous mettre à table et tu as une place de choix, on n'attend plus que toi Mily!
- Je... tout ce monde.. je me suis sentie mal.
- Tu vas bien? Demanda son frère avec inquiétude.
- Oui je vais bien maintenant... J'avais juste besoin... De calme. »
Pour une place de choix, on ne pouvait pas faire mieux. Emily était placée à la table d'honneur, juste à côté de la mariée et avec sa mère en face. Elle prit une profonde inspiration intérieure, 'Ce n'est qu'un moment à passer'.
Qui ne rêve pas un jour de vivre le rêve de la princesse tombant folle amoureuse de son prince charmant et l'épousant dans la foulée? Christa avait longtemps pensé que ce rêve là était le sien, elle avait d'ailleurs tout fait pour qu'il se réalise. Mais tout ne se déroulait pas comme dans un conte de fée. Aujourd'hui elle était bel et bien mariée et avec un homme beau, intelligent et gentil. Alexander représentait à ses yeux la masculinité à l'état pur. Elle l'aimait suffisamment pour passer le restant de ses jours auprès de lui. C'était du moins ce qu'elle s'était dit lorsqu'il lui avait demandé par un soir de mai sa main.
Depuis leur dernière rencontre avec Emily, le couple n'avait jamais évoqué quoi que ce soit en rapport avec la jeune femme. Alexander se trouvait vexé de ne plus avoir de nouvelles et surtout sans savoir pour quelles raisons. Dans la tête de Christa, un tout autre motif avait pris place. La dernière approche avec Emily l'avait profondément bouleversée. Elle avait alors resserré des liens déjà existants avec son frère jusqu'à flirter un peu, beaucoup, et en arriver à ce résultat. Emily n'avait jamais quitté son esprit mais elle ne voulait chercher à comprendre le pourquoi. Ses sentiments à l'égard d'Alexander étaient sincères, elle s'en persuadait tous les jours.