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Date de création : 11.12.2008
Dernière mise à jour : 18.12.2017
114 articles


Uber - L'Australie à portée de Nice

L'Australie à portée de Nice - Disclaimer

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Cette uber est la première que j'écris. Les personnages s'inspirent fortement de ceux qui ont fait le succès de la série Xena Warrior Princess mais sont tout de même issus de ma propre imagination. Si j'étais un peu mégalo, je pourrais même ajouter: ILS SONT A MOI! A MOI! A vous de trouver qui est qui...

Violence: Qui dit personnage proche psychologiquement de celui de Xena dit forcément violence... Pas de scène trop gore quant même.
Sexe: Un peu bien-sûr mais loin d'être précis et trop graphique. Le sujet de l'homosexualité est abordé.

Quant au synopsis, cela pourrait être le suivant:

Christa, jeune restauratrice française à la tête d'une entreprise prestigieuse retrouve l'un de ses camarades de Fac, le beau Alexander. Ce dernier, l'ayant de par le passé marquée est d'origine australienne. La simple barrière géographique qui les séparent va peu à peu se volatiliser.


Chaque chapitre est généralement accompagné par une musique d'ambiance qui sied à différents passage de la fic, je vous invite donc à découvrir l'histoire tout en vous imprégnant d'une atmosphère musicale (au passage, je ne trouve pas le moyen de positionner la barre musicale en début de chapitre, il faudra donc l'actionner à la fin de chaque article avant de démarrer la lecture).

N'hésitez pas à poster vos commentaires à chaque fin de chapitre ainsi que vos idées concernant la suite des évènements (toute nouvelle source d'inspiration est bonne à prendre!).

Chapitre 1 - Souvenirs de jeunesse

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Chapitre 1 - Souvenirs de jeunesse
Cela faisait un peu plus de trois ans que Christa n'était pas allée à la plage. Son emploi du temps jusqu'alors ne le lui avait pas permis. A l'âge de 24 ans elle était déjà propriétaire de trois restaurants très huppés dans la région niçoise. Dès suite du décès de son père, elle avait hérité de cet immense commerce à ses dépens. De par le passé, elle n'aurait jamais pu imaginer la quantité de travail qu'un tel business nécessitait. Mais à y réfléchir, elle était heureuse. Elle côtoyait de nombreuses personnalités régulièrement et se rendait souvent à l'étranger afin de découvrir de nouvelles saveurs. Ses établissements bénéficiaient actuellement d'une renommée mondiale. Depuis que Christa avait pris les choses en main, ils étaient réputés pour présenter tous les mois une carte différente, proposant des mets du monde entier, le tout cuisiné avec une certaine « french touch ».

Christa venait tout juste d'embaucher Arnaud, son nouvel adjoint. Ainsi cela lui permettait pour la première fois de bénéficier d'une période dite de repos. Par cette belle journée de juillet, elle se rendit sur la plage privée du Blue Beach. De part sa profession, elle connaissait bien le propriétaire des lieux et ce dernier l'avait presque suppliée pour qu'elle vienne un jour s'y faire bronzer ou profiter d'une baignade. Il n'y avait pas grand monde lorsqu'elle arriva. Jetant un rapide coup d'oeil sur sa montre, elle constata qu'il n'était qu'une heure de l'après-midi. Les vacanciers et touristes ne devraient pas tarder à prendre rapidement possession de la plage après s'être restauré au sein de l'hôtel. Elle en profita pour étendre son drap de bain et se passer de la crème solaire sur le corps. D'une blancheur presque angélique, Christa n'était pas du genre à bronzer rapidement, bien au contraire. Sa peau rougissait sous l'effet produit par l'astre du jour, ce dernier l'affublant par la suite d'innombrables coups de soleil. Christa ne daignait alors plus s'exposer durant la journée, refusant à sa peau d'acquérir un teint hâlé. Ce faisant, elle ne vit pas la silhouette sombre s'approcher derrière elle. Un homme grand vêtu d'un short de bain, au teint mât et à la musculature fort bien dessinée la fit sursauter lorsqu'il la saisit par la taille. Elle se retourna vivement.:

« Oh mon dieu! Alexander? S'exclama t'elle.

- Tu ne peux pas imaginer comme cela me fait plaisir que tu te souviennes de moi Chris! S'empressa de répondre le jeune homme, un sourire figé sur les lèvres.

- Comment aurais-je pu t'oublier? Dois-je te rappeler que nous sommes allés à la fac ensemble?

- Certes, certes... mais en trois ans, on peut en oublier des choses... et des gens... tu as arrêté tes études d'une manière tellement brutale et inopinée... » prononça Alexander dans un murmure.

Alexander mesurait un peu plus d'un mètre quatre-vingt cinq. Son teint bronzé contrastait étrangement avec son regard océan et ses cheveux mi-longs de couleur noir. Il n'avait jamais laissé indifférente Christa qui le trouvait fort séduisant, non seulement de par son physique agréable mais également de par les idées qu'il véhiculait et sa façon d'être. Elle avait connu le jeune garçon à la faculté de médecine de Nice alors qu'ils entamaient tous les deux leur première année. Lorsque son père, la seule famille qu'il lui restait, était décédé, Christa avait décidé de stopper ses études afin de maintenir l'empire érigé par son aîné. Elle avait coupé tout contact avec ses anciens camarades de la faculté. Du peu de souvenirs qu'il lui restait concernant la courte durée de ses études, Alexander était l'une des figures les plus emblématiques. Il s'agissait d'un étudiant australien venu pour une durée de deux ans en France.

« Comment se fait-il que tu sois à Nice? Tu n'es pas retourné en Australie?

- Et bien si... commença Alexander, mais je reviens régulièrement à Nice en juillet afin de passer quelques jours au soleil. Tu vois, c'est une ville que j'apprécie énormément. J'y ai d'ailleurs fait des rencontres que je n'oublierais jamais. Avoua t'il en rougissant faiblement.

- Et tu te souviens de moi? Questionna la jeune femme.

- Pour sûr que je me souviens de toi! Tu n'as pas tellement changé. Je te trouve un peu plus musclée que ce que j'imaginais...

- C'est parce que je m'entretiens figure-toi! Je fais du silambam alors...

- Du silam quoi?

- Du silambam! Accentua Christa. Il s'agit d'un système de combat au bâton traditionnel d'origine indienne. Veux-tu que je t'en parles?

Alexander aperçut une lueur d'espoir dans les yeux de la jeune femme. Il se souvenait qu'elle adorait raconter des histoires sur tout et sur rien. A l'époque, il s'émerveillait de la moindre parole issue de ce petit être qu'il jugeait exceptionnel. Il regrettait encore de ne pas le lui avoir révélé avant qu'elle ne s'éclipse de la fac.
« Oui, parle-m'en s'il te plait. J'ai du temps cet après-midi. Je comptais dorer au soleil tranquillement mais puisque tu es là, je compte bien en profiter! Souligna t'il.

- J'ai découvert cet art juste après avoir quitté la fac en fait. Tu sais, si je suis partie, c'était pour de bonnes raisons. Aujourd'hui j'ai un travail qui me prends énormément de temps et qui se révèle être très stressant, ma foi. Alors c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour me relaxer, quelque part... Le silambam se pratique dans le sud de l'Inde. Lorsque tu commences à le pratiquer, tu te rends compte que ce n'est pas simplement agiter un bâton... ça t'apporte bien plus que ça.... des valeurs essentielles, tel la discipline, l'humilité, la paix ou encore la fraternité... »

Tout en se perdant dans ses pensées, Christa se rendit compte du regard de Alexander posé sur sa personne. Elle se ressaisit instantanément:

« Excuse-moi, cela fait trois ans que nous ne nous sommes pas vu et moi je te parle d'un sport de combat... Je suis pathétique.

- Bien-sûr que non, tu ne l'es pas! La rassura Alexander.

- Parle-moi plutôt de toi alors, Qu'es tu devenu et que fais tu aujourd'hui?

- Et bien, à ton départ, j'ai continué mon année à la fac mais le coeur n'y était pas vraiment alors j'ai rapidement laissé tombé. Je suis retourné en Australie et là-bas je suis devenu pompier professionnel. C'est réellement un métier passionnant, je ne regrette pas du tout ma décision.

- C'est bizarre de te revoir, surtout ici... le coupa Christa.

- Je suis venu cette année en famille. Nous logeons dans cet hôtel derrière. Je n'aurais jamais cru te revoir moi non plus! Mais dis-moi... tu ne m'as pas dit dans quelle branche tu te trouvais aujourd'hui?

- Tu connais l'un de ces trois restaurants? L'Amphipolis, le Chakram ou bien le Greco?

- Si je connais? Demande-moi plutôt quand est-ce que je pourrais y retourner oui! Je suis allé au Chakram il y a une semaine. Excellent! C'est le mot. Le problème concerne les réservations... Faut s'y prendre plusieurs mois à l'avance... Enfin... Alexander se reprit immédiatement. Pourquoi cette question?

- J'en suis la propriétaire... marmonna Christa.

- Sérieusement? S'écria l'australien. Je n'aurais jamais pensé que... et bien, je te félicite pour ce succès. »

Christa passa le reste de l'après-midi en compagnie de son ancien camarade de faculté. Ce dernier était comme hypnotisé par le regard vert émeraude de la jeune femme. A y repenser, il se souvenait en être tombé fou amoureux lors de son arrivée en France. En ce temps-là, elle lui avait montré les us et coutumes de ce pays tout nouveau pour lui avec une gentillesse et une simplicité inouïes. A aucun moment elle ne s'était moquée de lui des suites de son accent étrange et de sa difficulté première à comprendre la langue française.

Encore aujourd'hui lorsqu'il observait Christa, il sentait son coeur battre la chamade et cela le rendait heureux parce qu'il sut dès lors que ce n'était pas une simple attirance mais peut-être plus qui le liait à ce brin de femme. Ses cheveux coupés courts de couleur or faisaient ressortir le vert de ses yeux. Son sourire se dessinait fréquemment sur son visage et amplifiait cette joie de vivre qui lui était propre. Alexander se rendit compte que tout chez elle le faisait craquer.

Après une journée passée entre bronzage, sieste et jeu d'eaux les deux anciens camarades se quittèrent en se promettant de se revoir très bientôt. Christa proposa notamment à Alexander de venir dîner quand il voudrait au sein de l'un de ses trois restaurants. Elle ferait en sorte qu'il y ait une place réservée spécialement pour lui ainsi que sa famille. Pour ce faire, elle lui remit un bout de papier avec son numéro personnel annoté dessus. Alexander se sentit pousser des ailes lors de la remise du document. Si Christa lui donnait son numéro, c'était sûrement parce qu'elle aussi avait très envie de le revoir...

Une fois chez elle, Christa se remémora furtivement la journée qu'elle venait de passer. Quel hasard d'avoir revu Alexander. Comme il y a trois ans, il avait éveillé en elle un sentiment de trouble. A l'époque elle n'avait pas passé suffisamment de temps en sa présence pour pouvoir étudier cette réaction plus précisément. Elle était en ce moment célibataire et en vacances. Une aubaine se présentait dès lors à elle si elle savait comment s'y prendre... Mais jouer à ce jeu pourrait s'avérer dangereux. Si il se trouvait que leur relation marcherait, si relation il y aurait bien entendu... le problème de nationalité entrerait en compte. Christa ne se sentait pas capable de suivre Alexander en Australie et elle doutait fort que ce dernier reste en France pour ses beaux yeux, surtout qu'il semblait prendre un plaisir inné au sein des pompiers. De nombreuses pensées se bousculant dans sa tête concernant le jeune homme la poussèrent à aller prendre une douche froide. Cela lui remettrait les idées en place. Alors qu'elle tentait de régler tant bien que mal la température de l'eau, elle se rendit compte que quatre coups de soleil s'étaient invités sur sa peau: deux placés respectivement derrière les genoux et deux autres recouvrant presque dans la totalité son dos. A discuter et s'amuser toute la journée auprès de Alexander, elle en avait oublier de finir de passer sa crème solaire...

Sortie de la salle de bain, elle réalisa que ses pensées étaient toujours en désordre. Et puis mince se dit-elle adviendrait ce qui pourrait. De toute façon Alexander était en possession de son numéro de téléphone, ce qui signifiait que dans un premier temps si ce dernier la contactait d'ici peu c'est qu'elle lui avait peut-être tapé dans l'oeil! Ou alors... c'est qu'il voudrait manger dans l'un de ses restaurants à l'oeil... Quelle idiote elle savait être des fois! Elle en rata même la marche qui la conduisait sur la terrasse extérieure de sa résidence pour aller s'affaisser nonchalamment sur le plancher. Heureusement qu'elle était chez elle et que personne ne l'avait vue!

Christa habitait dans un loft situé dans sur la colline de Cimriez, réputée pour abriter l'un des quartiers les plus chics de Nice. Elle en avait fait l'acquisition depuis seulement deux mois. 'Autant posséder une villa de rêve où je pourrais me détendre à loisirs après avoir travaillé aussi dur ces derniers temps' avait elle pensé avant de venir s'y installer. Elle ne regrettait pas cette dépense. Plus de quatre cent cinquante mètres carré habitables répartis sur deux niveaux l'avait convaincue lors de sa première visite. Christa, d'un naturel généreux, n'hésitait d'ailleurs pas à inviter ses amis fréquemment. Elle avait besoin de se sentir utile envers les autres, mais en revanche n'attendaient jamais rien de leur part en retour. Son père disait d'elle qu'elle était la gentillesse pure incarnée.

Christa, se déplaçant à tâtons dans le noir, se dirigea vers un transat afin d'observer les étoiles. De là, une vue imprenable sur la citée niçoise s'offrait à ses yeux. Elle se blottit du mieux qu'elle put dans la couverture qu'elle avait amené. Un petit vent frais sévissait à cette heure tardive sur les hauteurs. Tout en se calant le mieux possible sur son siège elle vit une étoile filante d'une intensité frappante parcourir le ciel de tout son long, la première de l'année... La tradition voulait que celui ou celle qui voyait pour la première fois une étoile filante dans l'année devait faire un voeu qui serait exaucé avant l'année suivante. Christa souhaita rencontrer son étoile, tout simplement.

Chapitre 2 - Et si?

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Chapitre 2 - Et si?
Il était un peu plus de midi lorsque la jeune femme se réveilla. Elle s'était endormie la veille sur son transat... La terrasse n'étant pas ombragée du côté où elle se trouvait, elle se réveilla complètement nue. Elle avait dû enlever ses vêtements au cours de la matinée sans s'en apercevoir. Il faisait extrêmement chaud en cette période de l'année et la canicule avait été annoncée dans la région depuis quatre jours maintenant. Heureusement que le ridicule ne tuait pas car à son réveil, Christa se sentit fort ridicule les fesses à l'air, le corps cassé sur le transat... A peine eut elle le temps de se vêtir de son tee-shirt gisant quelques mètres plus loin, qu'elle entendit la sonnerie de son portable situé dans la poche de son pantalon qui pour sa part se trouvait à l'opposé de la terrasse. Elle se saisit de l'appareil qui ne cessait de retentir et alors qu'elle articula un « allô » pas très déterminé en guise d'accueil, la voix qui lui répondit lui parut bien plus enjouée. Et cette voix semblait appartenir au beau Alexander!

« Salut Christa! Je ne te réveille pas j'espère? S'informa le jeune homme.

- Non non, je suis debout! Répondit Christa d'une voix roque.

- Tu es sûre? A t'entendre, on dirait plutôt que tu viens tout juste de te lever... se moqua t-il. Je t'appelais pour savoir ce que tu faisais cet après-midi. On pourrait se voir si ça te dit. J'ai vraiment apprécié la journée d'hier et comme je pars d'ici une semaine, je souhaiterai profiter du peu de temps qu'il me reste en ta compagnie, si cela ne te dérange pas bien évidemment. »

Si cela la dérangeait? Pas le moins du monde, bien au contraire, elle n'en attendait pas moins de sa part. Une semaine encore? Si peu de temps pour ? Pour quoi finalement? Elle n'en savait rien. Elle se mit d'accord avec Alexander pour qu'ils se rejoignent devant le marché aux fleurs sur le quai des Etats-Unis aux alentours de quatorze heures. Cela laissa le temps à la jeune femme pour se préparer et stimuler ses muscles histoire de ne pas avoir l'air d'un mollusque devant Alexander. Christa improvisa donc un entraînement de silambam après avoir mangé un petit-déjeuner copieux. Le temps de se rafraîchir sous une douche bien fraîche, revêtir une petite robe d'été, elle se rendit au lieu de rendez-vous.

Alexander l'attendait patiemment devant un étal de roses, un bouquet de fleurs à la main. Christa apprit qu'il s'agissait de clématites. Au cours de leur promenade sur le marché, alors qu'Alexander se renseignait auprès d'un fleuriste quant à la façon de planter un rosier, Christa en profita pour enquêter sur les fameuses clématites. Elle n'avait jamais vu de telles fleurs auparavant, pourtant elle les trouvait très belles. Elle s'approcha d'une vieille fleuriste qui confectionnait un bouquet de lys.

« Deux mots décrivent cette fleur : joie et allégresse, commença la vieille femme. Deux options s'offrent à vous concernant la personne qui vous a offert ce beau bouquet. Soit elle tient beaucoup à vous, d'un amour qu'elle souhaite concrétiser. Soit elle vous trompe sur un certain point ou alors met en place de nombreux artifices pour parvenir à ses fins. Ce qui est certains cependant, c'est que qui que soit cette personne, elle vous désire ardemment. »

Christa se rassura sur un point, elle désirait Alexander aussi, d'une certaine manière... Et la description de la fleur en question la confortait dans le choix qu'elle ferait dans un peu moins de cinq minutes, à savoir flirter avec Alexander dans le seul but de se divertir durant ses vacances. Oui, elle se sentait attirée par cet homme mais ne projetait aucune relation sérieuse avec lui.

Au fur et à mesure que la journée avançait, Christa se conforta dans cette idée. Alexander était beau et cette beauté extérieure, uniquement, la mettait dans tous ses états. Cette opinion du trouble provoqué en elle par l'australien convergeait parfaitement avec l'attitude qu'elle employait. Elle l'écoutait peu et se contentait de l'imaginer dans une tenue un peu plus légère que le bermuda et la chemise hawaïenne portés par le jeune homme. Trois ans qu'elle avait quitté sa vie étudiante, trois ans également que sa vie sexuelle s'était quelque peu éteinte. Christa était plutôt du genre candide concernant ce sujet. Elle n'était pas la fille d'un soir. Mais là, la situation était particulière! Elle était en vacances, les premières qu'elle s'était accordée depuis trois ans! Sa conscience ne lui jouerait, qui plus est peu, de tours puisque Alexander était australien et que quoi qu'il en soit il retournerait dans son pays natal...

Les deux jeunes gens se promenèrent dans le vieux Nice, se comportant comme des touristes. Ils s'émerveillaient devant les devantures des magasins et la beauté du vieux village. L'après-midi passa à une vitesse incroyable. Les deux amis mangèrent dans un petit restaurant italien, ce qui intensifia leur relation. Les échanges devinrent de moins en moins amicaux, de plus en plus romantiques... Christa trouva l'attitude d'Alexander à son égard séante. L'australien savait y faire avec les femmes! La soirée se termina sur la colline de Cimriez.... Si Christa attendait impatiemment de se trouver seule avec le bel Alexander, quelle ne fut pas sa déception lorsqu'elle se rendit compte que ce dernier était vraiment fleur bleue... Il fallait accélérer la cadence si quelque chose devait se passer! La jeune blonde prit ainsi les commandes et tout en proposant un fût de champagne à son hôte, déposa un baiser langoureux dans le creux de sa paume. La réaction de l'australien fut immédiate. Il se leva prestement en direction de Christa et lui déposa un baiser d'une douceur intense sur ses lèvres rosées.

Les évènements prenaient une tournure tout à fait captivante lorsque le téléphone, à l'intérieur de la résidence sonna. Christa sut immédiatement qu'il devait être question d'un événement grave. Elle se rappela d'ailleurs subitement de la façon dont elle avait été informée de la mort de son père. Il devait être deux heures du matin, elle révisait un cours d'anatomie en vue d'un examen le lendemain, lorsque le téléphone avait sonné. Au bout du fil, un docteur lui avait annoncé la terrible nouvelle, comme ça, sans hésitation puis avait raccroché. Ce ne fut qu'après maintes appels auprès de plusieurs hôpitaux de la région qu'elle apprit à trois heures cinquante sept que son père était décédé au sein de l'hôpital de Tende, des suites d'un accident de la route.

« Christa Yseult j'écoute.

- Bonsoir Christa, excusez-moi de vous déranger à cette heure tardive mais...

- Arnaud? Interrogea la jeune blonde.

- Euh... oui c'est bien moi... hésita t-il à répondre. Je sais que vous êtes présentement en vacances mais nous avons eu un problème ce soir au Greco...

- Quoi donc? Demanda sèchement Christa, parlez!

- Et bien, il y a eu une bagarre et euh... quelqu'un a été sérieusement blessé. La police est sur les lieux et demande à vous voir immédiatement...

- Ne bougez pas, j'arrive tout de suite! »

Christa s'excusa auprès d'Alexander et l'invita à prendre congé. Elle se transporta au Greco où une foule était attroupée. Alors qu'elle se dirigeait à l'intérieur pour s'informer de l'affaire en cours, elle fut reçu par le commissaire Goya, Gérald de son prénom. Après quelques minutes de discutions Christa apprit le fin mot de l'histoire. Un couple s'était présenté à l'entrée du restaurant prétextant bénéficier d'une invitation pour s'y introduire. Les surveillants de l'établissement avait senti le coup venir et avait refusé l'accès au couple. L'homme s'était alors énervé et avait tenté de porter un coup sur l'un des deux surveillants. Ces derniers s'étaient alors défendus. Au cours de l'altercation, un pot de fleurs à l'entrée du restaurant avait été brisé.

« Vous me faites venir ici à deux heures du matin pour m'informer qu'un couple de touristes m'a brisé un pot de fleur?? vociféra Christa devant le commissaire. Vous vous moquez de moi??

- Vous êtes la propriétaire de cet établissement, il était primordial de vous contacter. Souhaitez-vous déposer plainte pour les dégradations engendrés par l'auteur des faits? Demanda avec sérieux le commissaire.

- Je ne passerais pas une minute de plus en votre compagnie, donc la réponse est non! Et tâchez de ne pas me déranger lorsque un client déchirera une serviette de table au sein de mon établissement monsieur! » S'énerva Christa avant de détaler, direction chez elle.

Impensable! elle avait été interrompue au cours d'une soirée qui prenait une tournure des plus distrayante pour des futilités. Arnaud en prendrait pour son grade dans peu de temps.

Le lendemain, Christa s'éveilla de bonheur. Elle appela Alexander sur son mobile mais il ne répondit pas.
« Salut Alex c'est Christa. Je tenais à m'excuser pour l'interruption d'hier soir. Je t'invite toi et ta famille à venir déjeuner à l'Amphipolis ce midi en ma compagnie. Si ça te dis, rendez-vous à midi trente. »

Christa s'empressa de se rendre au restaurant de l'Amphipolis afin d'avertir le personnel des réservations effectuées par ses soins le matin-même. Rien n'était impossible pour le boss comme disaient ses employés pour la taquiner. Elle choisit une table située sur la terrasse du restaurant, au second étage, avec une vue magnifique sur la mer. Pas de doute, elle aurait bientôt Alexander dans son lit avec tout ça!

Le gérant du restaurant informa Christa que ses invités venaient de se présenter à l'accueil. Christa l'enjoint de les diriger vers la table qu'elle avait spécialement sélectionné. Elle ne savait pas exactement le nombre de personne qui déjeunerait à la table, laquelle exposait cinq couverts. Tout était modifiable à souhait quoi qu'il advienne. Et quelle fut le sentiment d'insatisfaction qui s'empara de la petite femme blonde lorsqu'elle vit se diriger vers la table Alexander accompagné de deux personnes. « Mince! Pensa t-elle. Ils ne sont que trois... ». Alexander présenta ses parents à Christa et les aida à s'asseoir. Son père se prénommait Liam, il faisait extrêmement jeune pour son âge. Sa mère, Caitlin, semblait bien plus fatiguée. Christa vit de qui Alexander tenait ses yeux bleus. Alors qu'elle demandait à l'un des serveurs de retirer un couvert, Alexander s'emparant de son bras lui indiqua de ne rien changer à la table, une autre personne devait arriver d'un moment à l'autre.

Effectivement quelques minutes plus tard, une silhouette d'un mètre quatre-vingt environ se dirigea vers eux. Une femme d'une beauté extraordinaire qu'Alexander présenta sous le nom d'Emily, sa soeur. Christa la dévisagea de haut en bas sans manquer le moindre détail. Emily était bronzée, svelte et musclée tout en assumant sa féminité jusqu'au bout des ongles. Elle portait une jupe droite de couleur noir et un petit chemisier blanc moulant. Un seul mot se manifesta dans les pensée de Christa: perfection. Le regard d'Emily était sans doute ce qui rendait le tableau le plus irréel possible. Des yeux d'un bleu glacial, accentués par des pommettes saillantes, trônaient au centre de cette vision chimérique, le tout encadré par une longue chevelure majestueuse couleur de jais. Et ce regard se fixa sur Christa dès les premières minutes.

La propriétaire des lieux fit un rapide descriptif de la carte du moment à ses invités, tout en les conseillant. Les parents du jeune australien parlaient un français impeccable. Christa se demanda ce qu'il en était de sa soeur, qui au premier abord paraissait plus jeune que son frère.

L'apéritif fut servi au grand dam de Christa. Liam et Caitlin commencèrent dès lors à lui poser tout un tas de questions sur sa vie, ses amours, ses ambitions... incluant leur fils en guise de rajout à chaque phrase prononcé par la petite blonde. Alexander agissait comme s'il ne participait pas à la conversation tout comme sa soeur.

« Alexander n'arrête pas de parler de vous depuis deux jours! S'écria Caitlin. Vous lui plaisez, ça se voit! S'empressa t-elle de rajouter.

- Si vous le dites... ne put qu'acquiescer Christa.

- C'est un magnifique restaurant que vous avez là, il est très bien classé dans le domaine de la gastronomie mondiale! On en parle même jusqu'en Australie si c'est peu dire!

- Voyons Cait, tu vois bien que tu l'embêtes avec toutes tes remarques... glissa Liam.

- Je m'efforce de perpétuer ce qu'a commencé mon père » souffla la jeune femme de plus en plus mal à l'aise...

Christa se demanda s'il avait été de bon ton de proposer à Alexander de venir accompagnée de sa merveilleuse petite famille. Autant son père tentait par tous les moyens de calmer les ardeurs de sa femme, autant Alexander tout comme sa mystérieuse soeur restaient de marbre comme s'ils étaient absents. Après réflexion, elle comprit qu'il ne s'agissait définitivement pas d'une erreur. A connaître un peu mieux l'environnement parental de son ami, elle se commanda en secret de cesser toute attaque envers lui et de le considérer seulement comme un ancien camarade de classe, ni plus ni moins. Il n'y avait rien d'autre à attendre ou espérer de leur relation, elle venait tout juste d'en prendre conscience... Et puis, il ne restait plus que quelques jours seulement avant que tout ce beau monde ne retourne en Australie.

Le repas fut bientôt servi, ce qui permit à Christa de reprendre son souffle et ses esprits, Caitlin se délectant silencieusement du contenu de son assiette. A en percevoir les mines réjouies de ses convives, Christa se considéra satisfaite. Même Emily esquissa un léger sourire lorsque son palet fut flatté par les saveurs exquises émanant de son plat. L'observant du coin de l'oeil, Christa se rendit compte qu'Emily n'avait pas encore prononcé un mot en sa compagnie. Elle douta fort que cette ravissante femme soit muette, Alexander le lui aurait précisé afin d'éviter toute confusion si cela avait été le cas. Peut-être se sentait-elle gênée? Alors qu'elle se plongeait dans d'immenses réflexions sans aucune utilité à ce sujet, elle fut contrainte de revenir dans le monde réel lorsque contre toute attente Emily prit la parole:

« Au risque de répéter ce que bon nombre de clients doivent certifier à propos de ce restaurant, je tiens auparavant à vous remercier de nous avoir convier à ce déjeuner. Les mets proposés ici sont tout simplement exquis. Un tel fait est indiscutable. L'excellence, que dis-je, la finesse et la grâce d'un tel art culinaire ne relèvent pas du mythe. Les français ont un don, c'est une certitude. »

La surprise de Christa fut inévitable. En tout juste quelques phrases prononcées avec une élégance indéniable, cette femme l'avait efficacement stupéfaite. Un accent nettement plus appuyé que tout ce qu'elle avait pu entendre jusqu'à présent avait fait son apparition avec brio. Un accent mélodieux, dépaysant de par sa légèreté et sa maîtrise. Quel étrange personnage se tenait en face d'elle? Christa n'y avait pas fait particulièrement attention jusqu'alors. Une femme comme une autre malgré ce regard d'acier.

« Je vois que tu te décides enfin à parler en français! pesta Caitlin à l'égard de sa fille. Comme Christa la scruta avec insistance au même instant, elle crut important de donner quelques explications. Nous sommes en France depuis maintenant plus de deux semaines et Emily n'avait pas encore fait l'effort de formuler un seul mot en français. Et pourtant elle en est très capable. Elle a étudié dans les meilleurs établissement de notre pays...

- Emily n'est pas très loquace d'ordinaire, enchérit Alexander. Cette remarque lui valut de recevoir du regard les foudres de sa soeur.

- C'est dommage que vous ne parliez pas souvent français. Votre accent est réellement charmant » la défendit Christa ébauchant un mince sourire.

Malgré l'encouragement de Christa, Emily ne s'exprima plus de tout le repas, qui se révéla bien morne après ce coup de théâtre. Le dessert fut tout aussi apprécié que le reste du menu. Les convives se quittèrent en début d'après-midi se promettant de se revoir avant le fameux départ pour l'Australie. Alors que Christa vit Alexander accompagné de ses parents partir en direction de leur hôtel, elle chercha Emily des yeux. Cette dernière s'était volatilisée. Alexander avait promis d'appeler Christa sur son portable dès qu'il aurait raccompagné ses parents au Blue Beach afin qu'ils puissent passer du temps ensemble.

Christa se trouvait sur le perron de l'Amphipolis et observait le jeune homme de loin. Le déjeuner avait plus ressemblé à une présentation officielle qu'à une simple rencontre. Cette idée lui déplut. Alors qu'elle se retournait pour pénétrer à l'intérieur du restaurant, elle fut vivement secouée. Un homme d'une vingtaine d'année venait tout juste de se jeter sur elle. La renversant à terre, il commença à lui asséner de multiples coups au visage en l'insultant. Christa jeta un bref coup d'oeil à l'intérieur du restaurant et vit les deux vigiles sortir en courant. Alors qu'ils tentèrent de calmer l'agresseur en l'éloignant, quatre autres hommes surgirent de nulle part et les en empêchèrent. Christa était piégée sous le poids de son assaillant. Se sentant sans aucune défense, elle pria le ciel pour que l'attaque cesse. C'est alors qu'elle vit son attaquant se soulever vivement. Quelqu'un était venu lui porter secours!

Christa se redressa hâtivement. Une femme d'une incroyable beauté était en train de régler son compte à l'homme qui venait tout juste de la frapper. Emily... Il ne fallut pas plus de cinq minutes pour que la jeune australienne corrige ces cinq demeurés. Sa force en était effrayante. Son regard dévastateur. Ses mouvements d'une vélocité extrême. Lorsque les cinq hommes furent à terre, les vigiles les tinrent en respect et appelèrent immédiatement la police. Christa resta adossée contre le mur du restaurant, respirant difficilement. Emily s'approcha précipitamment afin de constater les blessures qu'elle avait subi. Son visage commençait à enfler. Sa lèvre avaient été perforée à trois reprises et ses deux joues avaient essuyé de nombreux coups. Emily la mena à l'intérieur de l'établissement, afin de lui passer un peu d'eau pour la rafraîchir et nettoyer son visage. Se faisant, elle ne vit pas la petite main de Christa lui frôler la cuisse doucement:

« Tu as déchiré ta jupe Emily... se lamenta t-elle, caressant délicatement le tissu en lambeaux.

- N'y accordez aucune attention. Répliqua Emily d'un ton ferme.

- Mais... comment est-ce possible? Tu m'as sauvée... » murmura la petite blonde, peu de temps avant de s'évanouir dans des bras robustes et rassurant.

Chapitre 3 - Rêve ou réalité?

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Christa se réveilla un jour plus tard dans une chambre d'hôpital. Une petite chambre, impersonnelle et froide, tout de blanc. Un lit, deux fauteuils en cuir pour accueillir les visiteurs, une table de chevet et un porte manteau. Alors qu'elle découvrait les alentours, elle sentit une main se serrer dans la sienne. Espérant croiser les yeux bleus tant attendus elle se tourna vers la personne qui la veillait. Alexander... Le jeune homme fut très heureux de voir son amie consciente.

« Quand j'ai appris la nouvelle, je suis venu immédiatement. Ces hommes n'ont pas lésiné sur les coups. Le médecin a dit qu'il faudrait un peu plus d'une semaine pour que ton visage reprennent ses formes d'origine. Et tu as eu de la chance, rien de cassé!

- Qui t'as prévenu? demanda Christa.

- Je t'ai appelé hier dans l'après-midi comme prévu, l'un des vigile de l'amphi avait ton téléphone. Il m'a indiqué que tu étais ici.

- Tu ne sais pas ce qui s'est passé?

- Et bien, je n'étais pas là mais on m'a raconté. Cinq gars te sont tombé dessus, je ne sais pas exactement pour quelles raisons. La police est arrivée et les a embarqué alors que les pompiers te menaient à l'hôpital.

- Ah... c'est tout? Au fait, où sommes-nous?

- Ici? On est à Tende.

- Et... tu n'en sais pas plus alors?

- Non, mais le commissaire Goya, je crois que c'est son nom, était sur place. Il a dit à tes vigiles qu'il faudrait que tu passes à l'hôtel de police si tu souhaitais déposer plainte.

- Et ta soeur... commença Christa.

- Quoi ma soeur? Quel rapport avec toute cette histoire? S'étonna Alexander.

- Rien, je voulais juste savoir si ta soeur et tes parents avaient été informés.

- Non, je ne les ai pas mis au courant. D'ailleurs, ils sont décidé d'avancer la date de départ pour l'Australie. Ils partent ce soir. Moi je ne les rejoindrais que dans trois jours comme c'était initialement prévu.

- Ce soir? Déjà? S'exclama Christa.

- Euh oui... annonça Alexander

- Mince... »

Christa se persuada par la suite qu'elle avait peut-être rêvé. Pourquoi Emily serait-elle venue à son secours? Et surtout avec quels moyens?

Alexander se montra fort attentionné envers elle durant le restant de l'après-midi. Il se sentait responsable des évènements. Les agresseurs de Christa avaient agi alors que lui même venait tout juste de la quitter. Son absence lors de cette attaque lui avait comme administré un sentiment d'impuissance profond. La jeune blessée fut touchée par son attitude. Se remémorant l'attaque, elle se souvint des coups qui avaient été portés à son visage et une sensation de malaise la parcourra. Elle devait être défigurée! Et Alexander devait en ce moment-même avoir cette horrible vision devant les yeux! Elle se leva d'un trait avec pour seul but d'atteindre le miroir de la salle d'eau. Elle devait absolument savoir à quel point les traits de son visage étaient enflés.

L'arrivée d'un homme vêtu de blanc l'en empêcha cependant. Il s'agissait du docteur PAVAUX. Il avait pris en charge la jeune femme dès son arrivée. Alors qu'il lui conseilla avec une certaine autorité de retourner tranquillement se reposer, il lui indiqua qu'elles allaient être les suites de cette affaire, médicalement parlant.

«  Souffrez-vous au niveau du visage?

- Oui, mes muscles sont tendus. D'une main quelque peu distraite, Christa effleura son visage avec douceur afin de constater tactilement les dégâts occasionnés.

- Vos yeux vous font-il souffrir?

- Non pas plus que ça.

- Bon, la bonne nouvelle c'est que vous allez bien. Je me réjouis à l'idée que vous vous soyez réveillée aussi rapidement. Nous craignions que votre système nerveux ait été touché. Visiblement, vous n'aurez écopé que de bleus et hématomes. Vous pourrez sortir de l'hôpital dès demain je pense. »

La nouvelle fut effectivement de bonne augure. Christa n'avait qu'une envie dans un premier temps, découvrir enfin les séquelles de l'attaque. Dans un second temps, s'enfuir en toute hâte sur la colline de Cimriez et s'y cantonner jusqu'à ce que son visage ait retrouvé une allure moins cabossé.

Alors qu'elle tentait une nouvelle approche de la salle d'eau, la porte de sa petite chambre s'ouvrit à nouveau laissant apparaître un jeune homme à l'allure plutôt gauche. Il était vêtu d'un pantalon en lin écru et d'une chemisette froissée de couleur noire.

« Arnaud, comment cela se fait-il que vous soyez venu? Murmura Christa à moitié abasourdie.

- Bonjour Mlle Yseult, venez que je vous aide à vous allonger. »

Le jeune homme la conduisit à nouveau sur son lit en prenant bien soin de la couvrir malgré la chaleur ambiante. Christa se maudit elle-même. Elle soupçonna ses visiteurs d'un voyeurisme malsain à son égard. Tout le monde verrait et se délecterait de sa tête de femme battue tandis qu'elle-même n'aurait la faculté de prendre connaissance ni se familiariser avec les bleus et les bosses qui ornaient son faciès.

« Je suis venu voir si ça allait, mais je ne me fais plus le moindre soucis. Vous êtes réveillée! S'exclama le jeune homme.

- Oui je suis réveillée et offre un beau spectacle n'est-ce pas? Bon et bien dans ce cas vous pouvez retourner à vos occupations habituelles Arnaud. Je passerais vous voir dès que je serai rétablie. »

Sur ces quelques paroles assurées, Christa bondit de son lit et accompagna énergiquement son adjoint vers la sortie. Ce dernier eut beau protester, il ne put que céder face à la détermination de sa responsable.
Christa tenta une nouvelle fois de se rendre auprès du miroir de la salle d'eau. Quelle ne fut pas sa déception lorsque enfin elle atteint le lavabo. Aucun miroir ne l'y attendait. Cette déconvenue profonde la frappa de plein fouet. L'ignorance était l'un de ces états qui l'inssuportait. De nature curieuse et impatiente, Christa fut frustrée. Elle fixa Alexander d'un air résigné.

« Tu sais, tu es juste enflée à certains endroits. Bon tes deux yeux sont un peu... violets.. mais sinon...
- Merci de la description... siffla la jeune femme. Pourquoi devrais-je attendre jusqu'à demain, je me sens merveilleusement bien. Tu ne voudrais pas aller voir le docteur afin de lui demander si je peux sortir dès aujourd'hui s'il te plaît? »

Alexander s'exécuta et son action engendra la libération provisoire de Christa. Si des complications venaient à se produire, celle-ci devrait retourner immédiatement voir son docteur.

Malgré l'insistance de son ami pour la raccompagner chez elle, Christa rentra seule. Entrant dans le hall de son loft, elle découvrit tout compte fait le résultat de cette incroyable attaque. En un regard, elle comprit que ses vacances étaient pour le moins condamnées jusqu'à nouvel ordre. Elle se passa longuement de la crème hydratante sur le visage avant d'appeler l'hôtel de police de Nice. Elle demanda à parler au commissaire Goya. Celui-ci lui indiqua la procédure à suivre pour pouvoir déposer plainte contre les agresseurs, chose qu'elle avait l'intention de faire. Comme il lui expliqua succinctement, l'infraction commise le jour de l'attaque était une violence commise en réunion. Il lui informa que les deux vigiles présents deux jours auparavant avaient déposé plainte suite à ces violences.

Christa dût donc se rendre dans un premier temps au services des urgences à Tende afin de se faire faire un certificat médical. Sur ce certificat était mentionné ce que les policiers appelaient les jours d'ITT, soit Incapacité Temporaire de Travail. Manifestement, la mention des jours d'ITT sur le certificat était importante dans le sens où elle permettrait de qualifier définitivement l'infraction. Christa bénéficia de cinq jours d'ITT. L'acte médical rédigé, elle se rendit enfin à l'hôtel de police, une paire de lunettes noires cachant une partie de ses yeux. Une femme en uniforme l'invita dans un premier temps à se rendre dans une pièce isolée afin de prendre quelques clichés des blessures subies. Cette épreuve fut éprouvante, Christa se sentit comme mise à nue face à cette femme qui prenait les photos avec méthode, sans sourciller et sans dire un mot. Elle fut ensuite accueilli par le commissaire Goya.

«  Vous voyez comme on se retrouve, souligna t-il avec sarcasme.

- J'aurais aimé sincèrement que ce soit pour une histoire de serviette... » sourit Christa.
Goya lui formula de nombreuses questions concernant l'agression. Un policier en uniforme prenait la déposition à l'aide de son ordinateur. Il notait scrupuleusement chaque parole, mot, expression, phrase dites par Christa.

« Avez-vous des ennemis? Des gens qui sont contre l'idée des restaurants par exemple? Questionna Goya.

- Non, pas à ma connaissance. Bien-sûr, il y a une certaine adversité lorsque l'on fait ce métier, mais ce n'est jamais allé aussi loin.

- Combien de personnes vous ont violenté?

- Et bien, de ce que je me souviens, un homme s'est jeté sur moi et m'a mis à terre. Il m'a frappé au visage à plusieurs reprises. J'ai alors tourné la tête et j'ai vu, je crois trois ou peut-être quatre jeunes arriver. L'un d'eux m'a donné un coup de pied dans le dos.

- Connaissez-vous ces personnes?

- Tout s'est passé tellement vite. Je ne saurais vous dire qui m'a agressé. La seule chose dont je me souvienne, ce sont des poings qui ne s'arrêtaient pas de me frapper. Le reste, je ne sais pas. »

Le commissaire Goya étala sur la table un panel de photographies en lui demandant de lui indiquer si parmi elles, Christa connaissait un individu. De multiples figures furent ainsi présentées. Alors qu'elle scrutait attentivement et avec minutie chaque portrait, Christa reconnut l'un de ses anciens employés. Il se prénommait Angus Soban. Autrefois serveur, il avait été licencié suite à un comportement inadapté lors de son service. Christa l'avait précisément surpris en compagnie d'une cliente dans un garde-manger en train de s'adonner à certains plaisirs charnels.

« Vous faites bien de me parler de ce jeune, mademoiselle Yseult parce qu'il s'agit de celui qui vous a agressé. Nous l'avons placé en garde à vue le soir des faits. Il n'a pu qu'avouer ce qu'il s'est passé. Dites-moi juste une dernière chose avant que je ne vous laisse partir. Quelqu'un a t-il essayé de vous aidé lors de l'attaque?

- Je me souviens avoir vu courir les deux vigiles du restaurant. Ils se sont fait stoppé par les jeunes qui sont arrivé par derrière. Et une jeune femme est alors apparu et les a maîtrisé.

- Vous la connaissez?

- Non, enfin... je sais simplement qu'elle s'appelle Emily. Je l'ai rencontrée le jour même alors je ne peux pas vous en dire plus. J'aimerai tellement pouvoir la remercier, se lamenta Christa.

- mais je pense que si vous en avez la possibilité, vous le ferez. Elle vous a quand même été d'un sacré secours. Faut dire que Soban n'y est pas allé de main morte avec vous. Il était sous l'effet de l'alcool, je ne sais pas ce qui aurait pu l'arrêter autrement.

- Commissaire, concernant cette histoire. Il ne s'agit que d'un règlement de compte en définitive? Devrais-je m'inquiéter d'éventuelles représailles?

- Je ne pense pas. Mais faites tout de même attention à vous, on ne sait jamais. Ce jeune n'était pas connu de nos services jusque là. »

Le commissaire posa d'autres questions à Christa, lui indiqua les différentes étapes de la procédure et lui fit par la suite signer sa déposition. Il lui indiqua alors qu'il pourrait lui rendre un petit service, à savoir lui communiquer les coordonnées de la fameuse Emily. Cette dernière avait été entendue sur les faits la veille.

« D'ailleurs, cette jeune femme semble assez énigmatique, son témoignage a été des plus durs à recueillir. Pas très loquace comme personne. Quoi qu'il en soit j'aurais pensé que vous étiez amies tant elle était inquiète à votre sujet. » ajouta Goya.

Christa accepta sans hésitation l'offre et s'excusa auprès du commissaire pour les propos qu'elle avait tenus lors de leur première rencontre. Il venait en effet de lui rendre un fier service. Christa ne souhaitait pas avertir Alexander des réels évènements. Elle désirait encore moins lui demander des informations sur sa soeur de peur de sa réaction. Le fait qu'Emily ne lui ai pas évoqué la réelle façon dont les évènements s'étaient déroulés n'était pas sans raison.

A peine arrivée chez elle, Christa se saisit du téléphone et composa le numéro inscrit scrupuleusement sur un petit post-it rose. Il s'agissait d'un numéro de téléphone portable. Il était accompagné d'une adresse pour le moins biscornue.

« RAAF WILLIAMTOWN, NELSON BAY RD
WGCDRR HAWLEY
BUILDING 225 COMMANDER OFFICE
WILLIAMTOWN NSW 2154 »

Aucune tonalité ne retentit. Une voix indiqua clairement « Nous sommes dans le regret de vous informer que le numéro que vous demandez n'est pas attribué. ». Christa pesta contre elle-même. Toutefois, une sensation de soulagement l'imprégna. Qu'aurait-elle pu dire à Emily si elle avait décroché. Cette femme l'intriguait entièrement. Il fallait qu'elle la rencontre à nouveau.

Il devait être 17 heures 30 lorsque Christa se souvint des paroles prononcées par Alexander à l'hôpital. Sa famille repartait ce soir! Christa réfléchit un instant. Quel était le nom de famille d'Alexander? Comment avait-elle pu oublier dans ces circonstances? Tournant et retournant le post-it entre ses doigts sous tension, elle relut le message et se remémora subitement le fameux nom de famille, Hawley. Elle composa dès lors le numéro de téléphone du Blue Beach et demanda la chambre de Mlle Hawley Emily. Par chance, le réceptionniste dévia l'appel. Deux tonalités résonnèrent avant que la ligne ne soit active.

« Hello? »

C'était elle, Christa reconnut son timbre de voix si particulier. Quelques secondes s'écoulèrent sans qu'elle n'émette le moindre son. Elle était comme paralysée.

« Hello? Is there someone?

- Euh... bonjour. Emily? Articula t-elle avec difficulté.

- Christa? C'est vous?

- Oui... excusez-moi de vous déranger, mais... il fallait absolument que je vous parle.

- Si cela concerne l'incident survenu à la sortie du restaurant, sachez que vous ne me devez rien...

- Je voulais vous remercier. Sincèrement.

- Je n'ai fait que mon devoir. Vous étiez en danger et je me trouvais sur les lieux. Ne pas avoir agi aurait été une ignominie, ne croyez-vous pas?

- J'aimerai vous revoir. Christa se surprit elle-même de sa demande et une gêne non dissimulée même dans sa voix émergea. Vous revoir... justement... pour vous remercier et...

- Mon avion décolle ce soir à 20 heures, je crains fort que cela soit possible. Je vous remercie tout de même pour l'invitation même si je la décline, confia Emily.

- Aurais-je l'occasion de vous revoir prochainement en France? Interrogea Christa, dénotant une certaine audace.

- Passez du temps avec Alexander. » Furent les dernières paroles prononcées par Emily avant qu'elle ne raccroche à sa convenance sans même un au revoir.

Christa en fut presque choquée. Comment cette femme aussi distinguée avait-elle pu lui raccrocher au nez? Cela ne fit qu'amplifier le sentiment de trouble qui l'habitait depuis une journée maintenant. Ce qu'elle ne put définir fut la cause réelle d'un tel trouble. Peut-être devrait-elle tirer un trait sur toute cette histoire et tenter de reprendre le cours paisible de sa vie. De toute manière, elle n'avait pas le choix. A quoi bon se tourmenter pour une personne qu'elle ne connaissait à peine et se trouvant à des milliers de kilomètres de chez elle?

Chapitre 4 - Retour au pays

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
L'avion décolla à l'heure prévue, avec à son bord la famille Hawley. Emily jeta un rapide coup d'oeil à travers le hublot pour percevoir une dernière fois la ville de Nice au loin. Son séjour s'était avéré plutôt agréable même si ce fut en compagnie de ses parents et de son frère. Ces occasions étaient des plus rares. Avant ce séjour en France, Emily n'avait entretenu aucun contact physique avec sa famille pendant plus de deux ans.

Caitlin prit la main de sa fille dans la sienne. Elle avait horreur des voyages aériens. Une peur panique des trajets célestes l'envahissait dès les premières minutes de vol.

« J'espère que nous parviendrons à nous revoir en Australie Emily.

- Je ne te promets rien. Évidemment.

- J'aurais espéré pourtant que tu fasses un effort...

- Voyons Caitlin , tu veux bien la laisser tranquille. Tu viens de la voir pendant quinze jours, cela ne te suffit pas pour l'instant? S'interposa Liam. Ta fille fait un travail qui lui prends énormément de temps...

- C'est vrai, répondit Caitlin. Tu sais Emily tes efforts me réjouissaient au début mais maintenant... Ton travail, il n'y a plus que ça qui compte. Je ne pensais pas qu'être interpréte de conférence te couperait de ta famille. »

Interprète de conférence. L'expression fit esquisser un sourire à Emily. De nombreuses années d'études dans un institut spécialisé lui auraient assuré véritablement une place dans ce monde si fermé. Emily excellait dans le domaine des langues. Elle parlait couramment l'anglais, le français, l'espagnol, le chinois et le russe. Depuis peu, elle s'était attelée au japonais. Si ses parents ne se doutaient pas de sa profession réelle, c'est parce qu'Emily avait toujours entretenu son savoir à un niveau très élevé. Elle aimait parler de façon très soutenu dans toutes les langues. C'était sa manière à elle de prouver à ses parents qu'elle fréquentait d'ordinaire les plus hautes autorités politiques mondiales. Caitlin coupa net les réflexions de sa fille:

« Qu'as tu pensé de cette jeune femme?

- Cette jeune femme? Quelle jeune femme?

- La nouvelle amie de ton frère. Christa.

- Je la trouve sympathique. Souffla Emily.

- C'est tout ce que tu trouves à dire, s'indigna la mère?

- Maman, ce n'est qu'une amie n'est-ce pas? Et qui plus est, si je ne m'abuse, elle est française, à la tête d'une petite fortune. Elle représente tout ce que n'est pas Alexander.

- Ils iraient bien ensemble.

- Je pense qu'Alexander souhaite juste un peu s'amuser avec elle. Tu le connais. Il se lance sans cesse de nouveaux défis. Et puis, je te rappelle que sa petite amie attitrée, Amy, l'attend à Melbourne.

- Alexander est toujours avec elle? S'indigna Caitlin. Je pensais que c'en était finit de leur histoire! Mince alors, je crois qu'une discussion sérieuse avec mon fils sera nécessaire dès son retour au pays!

- Caitlin, veux tu arrêter d'hurler, j'aimerai me reposer. » Intervint Liam.

Par chance, Caitlin resta calme durant le reste du voyage, ce qui offrit pour la première fois depuis deux semaines, quelques instants de repos à Emily. Elle n'en revenait pas de la réaction disproportionnée de sa mère pour tout ce qui concernait Alexander. Elle considérait ce dernier comme un ange, l'être parfait, ce qui était loin d'être le cas. Alexander était un parfait imposteur oui et coureur de jupons invétéré. Si Christa ne s'était pas encore retrouvée dans ses draps c'est qu'il avait perdu la main...

Chapitre 5 - Wing Commander Hawley

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Chapitre 5 - Wing Commander Hawley
« Wing Commander Hawley is expected on deck »

Emily se leva promptement de son siège. L'heure était venue. Elle allait enfin constater les progrès de son escadron. De retour de vacances, elle tentait tout juste de s'imprégner de l'aura de son nouveau bureau. Montée en grade depuis peu, un déménagement rapide au sein de la base s'était avéré nécessaire. Grâce à quelques contacts bienvenue au sein de la hiérarchie, elle se trouvait maintenant au troisième étage. Une baie vitrée en arrière plan lui offrait la vue de toutes les pistes sur lesquelles les avions de combat et de reconnaissance allaient et venaient à longueur de journée. De quoi dominer le monde!

« La mission d'aujourd'hui est simple les gars! En mettre plein la vue au commandant Hawley! »

Emily venait tout juste de pénétrer dans la salle de briefing. La dernière phrase prononcée fut accompagnée d'un cri de guerre grave puis d'une nuée d'applaudissements. Ses hommes étaient tous très fiers de faire partie, le temps de leur apprentissage, au sein du fameux Escadron N°2. Il s'agissait de l'une des cinq unités opérationnelles de conversion du pays. Ils bénéficieraient pour une durée indéterminée d'un entraînement spécial au pilotage du fameux F/A-18 Hornet, un avion de combat extrêmement performant utilisé pour des missions à la fois de reconnaissance mais aussi capable de se déployer en cas de combat aérien.

Lorsque les futurs pilotes se rendirent compte de la présence de la jeune femme l'un d'entre eux rectifia sa position et d'une voix grave et forte s'écria « A mon commandement... garde à vous! » Il salua d'un signe de tête l'arrivante. Toutes les personnes présentes, en un mouvement, sans la moindre hésitation rectifièrent leur position à leur tour et plus aucun son ne fut perceptible dès cet instant. Un pas lent mais contrôlé résonna dans la pièce. Des talons hauts. Emily portait l'uniforme caractéristique des femmes officiers de la RAAF, autrement dit, de la Royal Australien Air Force. Une jupe droite de couleur bleu marine, s'arrêtant à hauteur du genoux, surmontée par une ceinture noire à la boucle dorée, et une chemisette serrée tout aussi bleu affichant son grade, insignes et médailles militaires. En tant qu'officier supérieure, c'est elle qui commanderait cette nouvelle équipe composée de dix-neuf hommes, seulement une femme ayant tous le grade de lieutenant. Tous équipés de leurs tenues de vols, ils n'attendaient que l'ordre de leur supérieure pour pouvoir décoller. Cela faisait déjà six mois qu'ils suivaient leur formation. Ils avaient acquis depuis peu le droit de piloter de vrais Hornets. Les exercices de simulation étaient tout de même toujours de la partie.

Parvenue jusqu'à la petite estrade de la salle, Emily fit un demi-tour droite parfaitement maîtrisé, rendit le salut et d'une voix autoritaire s'exclama « A mon commandement... Repos. ». La pièce ne devait pas faire plus de vingt mètres carré. Elle n'était que partiellement garnie question mobilier. Des tables et des chaises avaient été entassées à l'arrière en toute hâte. Un unique tableau blanc imposant et mobile avait été installé face à l'assemblée, au centre de la pièce. Il exposait les détails de la mission du jour: le lieu à couvrir, la formation à adopter initialement, celle à favoriser en cas d'attaque, de replis, de changement d'objectif... Les pilotes se trouvaient entassés de part et d'autre. L'ambiance jusque là pesante s'allégea brusquement jusqu'à ce qu'Emily après avoir observé un à un chaque pilote continue sur sa lancée.

« Garde à vous! Sous votre commandement Lieutenant Lee, que l'escadron adopte une formation militaire dans les moindres délais! ». Emily fit un signe au lieutenant cité puis se rendit tranquillement près du tableau blanc. Pendant ce temps, les pilotes se rangèrent en deux rangées de dix. Préalablement, Emily avait, à l'aide du trombinoscope de l'escadron, étudié minutieusement le portrait de chacun de ses pilotes tout comme leur environnement personnel. Elle souhaitait connaître avant l'heure les hommes et femmes qu'elle aurait à commander.

« Commandant, escadron prêt et rassemblé. A vos ordres commandant!

- A mon commandement... repos! Bien, bonjour à vous tous, je me présente, je suis le commandant Hawley, nouvellement affectée à l'Escadron n°2 de la base aérienne de Williamtown. Je sais pertinemment que vous avez débuté votre formation de conversion depuis quelques mois déjà sous les ordres du commandant Shipper. Je vais tenter de reprendre le flambeau et vous permettre de réussir votre examen en vue de votre affectation futur dans un escadron de combat. Comme vous pouvez le constater, je suis seule aujourd'hui avant le décollage. Sachez que les chefs d'escadron Thomas et Frikk sont en train de se préparer pour vous accompagner en vol. »

La mission de ce jour avait été élaborée par Emily elle-même. Elle connaissait la région par coeur et inventer des exercices de vol serait un jeu d'enfant. Les pilotes n'aurait aucune information concernant les objectifs. Ils avaient pour simple ordre initial d'effectuer une surveillance sur la zone Alpha située au Nord Ouest de la base. Emily resterait à terre afin de commander le groupe. Sans doute, Emily vérifierait leur tenue en vol et la façon de se déplacer en formations. Ils ne se faisaient aucun soucis concernant le vol. Généralement, lorsqu'un supérieur découvrait pour la première fois son équipe, le premier contact était tempéré.

Alors qu'Emily fit ses dernières recommandations à l'équipe, elle leur donna l'ordre de se préparer à intégrer leurs appareils. Elle se rendit à la tour de contrôle afin de rencontrer le personnel civil et militaire qui l'aiderait tout au long de la formation dans sa tâche. Le chef d'Escadron Shanks l'accueillit. Il s'agissait d'un camarade de longue date. Elle l'avait connu lorsqu'ils servaient tous les deux au sein de l'escadron de combat N°1 de la base aérienne d'Amberly. Shanks était un homme d'une cinquantaine d'année environs, mais il paraissait en avoir dix de moins. Il était assez musclé et plutôt bel homme,. Ses cheveux coupés très courts accentuaient le bouc qui ornait son menton. Un regard sombre et malicieux était sa carte de visite.

« Nous nous retrouvons enfin, observa Shanks.

- Certains auraient pu dire mieux vaut tard que jamais, ce ne sera pas mon cas, rétorqua Emily.

- Je pensai que tu serais heureuse de me revoir. Moi je t'attendais impatience... Tu te souviens, nos envolées nocturnes sur les longues étendues d'Ipswich? Moi je m'en souviens...

- Tout ceci est du passé. Nous avons à faire aujourd'hui. 

- Du passé? Deux ans de ta vie ne peuvent s'envoler en fumée parce que tu l'as décidé! Pesta Shanks.

- Mon commandant, tâchez de me témoigner le respect dont mon grade et ma fonction imposent. Si j'ai besoin de l'un de vos conseils concernant ma carrière, je vous ferais signe.

- Dire que tu es monté en grade avant moi... marmonna Shanks de mécontentement.

- Vous dites? Le toisa Emily.

- Je vous invitais à vous rendre à votre poste. Le décollage ne va pas tarder, donnez vos recommandations à vos hommes, commandant. »

Emily donna l'ordre de décoller aux pilotes. Quatre groupes seraient formés lors du vol afin de ratisser plus précisément la zone alpha. L'objectif du jour allait enfin être dévoilé aux lieutenants tous très impatient de montrer leur savoir-faire à leur nouveau commandant.

« Philips, vous commandez Charlie. Tomasson vous commandez Delta. En arrière ligne. Dirigea Emily.

- A vos ordres commandant! 

- Thomas, Frikk, vous savez quel est votre rôle. Éclairer est la fonction la plus compliquée. Je vous fais confiance. Rappelez-vous, volez serré si suspicion, déployez vous si ennemi. Soyez prêt à attaquer s'il faut.

- Prêt à attaquer? Répéta Thomas.

- Oui, les appareils sont armés. Si besoin, ce sera le premier exercice de ce style concret pour nos pilotes.

- A vos ordre commandant! »

L'ordre pour le départ fut donné. Tandis que les avions quittaient les pistes les uns après les autres, Shanks s'approcha d'Emily et tenta un nouveau dialogue:

« Tu as fait armer les Hornets?

- Oui.

- Sais-tu que les pilotes n'ont effectué des missions de combat que lors de simulations au sol?

- Oui.

- Qu'as tu en tête Emily? Se risqua Shanks »

La jeune femme quitta son casque lui servant à donner les différents ordres pour se concentrer sur une autre cible, le chef d'escadron Shanks. Ce dernier commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Connu pour son insubordination à Amberley, le fait que cet homme soit toujours en service et surtout en tant que commandant en second d'un escadron de vol, la contrariait au plus haut point. Shanks servait dans l'armée non pas pour la patrie mais pour sa personne uniquement. Loin d'être avare en qualités, il l'était quoi qu'il advienne en modestie. Son orgueil était tel qu'il avait failli coûté la vie de ses camarades lors d'une mission d'interception trois ans auparavant. Emily faisait partie de l'escouade et à cette époque, elle était sous ses ordres. Trop impulsive et facilement manipulable, elle s'était laissée menée par cette forte tête jusqu'à en perdre sa propre lucidité.

Shanks ne lui mènerait pas la vie facile maintenant que les rôles étaient inversés, bien au contraire. Il se fichait éperdument des conventions et du code de l'honneur de l'armée. S'il avait quelque chose à dire à Emily, il le lui dirait sans la moindre hésitation et sans aucun tact.

« Les pilotes en sont capables.

- Comment peux tu dire ça? C'est la première fois que les vois en vol Emily?!

- Alek! Un ordre est un ordre.

- Bien bien... tu sais, je t'aime beaucoup lorsque tu agis comme ça... Nous allons bien nous entendre... se dit-il secrètement pour lui-même. Commandant, maintenant que les pilotes sont en vol, dites moi quel est l'objectif du jour?

- Abattre un ballon de reconnaissance ennemi.

- Oh oh oh! Bien, bonne idée. Je ne sais pas si les pilotes vont ne serait-ce que l'apercevoir ce ballon...

- S'ils n'en sont pas capables à ce stade de leur formation, alors je ne vois pas comment ils pourraient se qualifier de pilotes.

- Qui est chargé de l'abattre?

- Frikk.

- Frikk est donc au courant pour la mission, tandis que tu ne m'en as même pas informé? Je te signale que nous travaillons ensemble! Quelle est la position du ballon?

- Vous n'êtes pas à bord d'un cockpit commandant. » Répliqua sèchement Emily.

La conversation dût stopper à ce stade, un opérateur indiquant au commandant Hawley de mettre son casque. La jeune femme s'exécuta rapidement et s'installa à son poste de contrôle. Pour la première fois, Emily ne piloterait pas d'avion durant la mission. Commander un escadron relevait d'une fonction qui s'apparentait presque à un contrôle aérien poussé. Depuis la vigie 3B du bloc technique aéroportuaire de la base, elle exercerait à temps plein son rôle. Concrètement, il s'agirait de superviser une équipe de contrôleurs de la navigation aérienne, s'occuper de la gestion des pistes, l'aide au décollage, l'atterrissage des aéronefs et le contrôle en route. Les instructions de vols seraient donc à la fois communiquées par les contrôleurs aériens en matière de sécurité et par Emily pour le reste.

« Commandant, objet non identifié en vue! S'écria Tomasson. Altitude 4500 mètres. Position N48 25 40.0 E007 24 15.0 N48 25 37.0 E007 24 22.0. En attente d'ordre.

- Formation Quebec. Tentative de communication. Répondit Emily.

- Reçu, mise à exécution.

- Tu es complètement folle Emily! 4500 mètres? C'est beaucoup trop haut! Hurla Shanks.

- 6000 mètres, c'est haut, siffla Emily.

- Aucune réponse reçue commandant, affirma Frikk.

- Abattez la cible. Formation sous vos ordre Frikk. »

Frikk prit les choses en main et la cible fut abattue sans le moindre contre-temps. Aucun problème au niveau des pilotes n'était à déplorer. La mission était pour l'instant un véritable succès.

« Cible abattue commandant, s'exclama Frikk, la voix dissimulant à peine sa joie.

- Parfait. Retour à la base. Terminé. »

Emily était plus que satisfaite de la façon dont la journée venait de se dérouler. Les pilotes n'avaient émis aucune critique ni faiblesse vis à vis de la difficulté du jour, à savoir voler à plus de 4000 mètres d'altitude. Ils avaient une confiance absolue en leur commandant. Celle-ci était connue pour ses exploits en Afghanistan et en Irak. Elle n'avait peur de rien et surtout pas de l'adversité. Sous les feux ennemis, on la décrivait comme une tigresse. L'histoire qui se racontait le plus à son sujet le soir, autour d'un verre, dans de nombreux pubs aux alentours de la base militaire l'élevait au rang de légende. Une nuit de décembre en 2006, alors qu'elle effectuait une surveillance nocturne au dessus d'une petite ville en Afghanistan, son escouade avait essuyé une attaque imprévue par des résistants extrémistes. Les appareils de vol, au nombre de quatre, avaient tous étaient touchés sévèrement et ils ne tardèrent pas à s'écraser dans les collines. Emily s'en sortit et au lieu de fuir le champs de bataille improvisé par l'accident, elle se jeta dans le tas et se défendit, pratiquant le style le plus noble et conquérant qui soit. Deux pilotes avaient survécus et furent sauvés grâce à elle. Elle dévasta le camps de résistants et aucun survivant de leur côté ne put témoigner avec quelle férocité et hargne ce massacre eut lieu. Elle reçut à son retour au pays les honneurs et la médaille du courage et du dévouement. Il se disait pourtant qu'Emily n'avait pas vécu cette attaque comme un exploit mais qu'elle avait toujours des remords. Ceux de ne pas avoir pu sauver le dernier homme de son escouade.

La première mission sous le commandement d'Emily se termina dans la salle de briefing. Ce fut un franc succès. Les jeunes pilotes se sentaient pousser des ailes. Une mission aussi difficile en guise d'introduction leur certifiait que leur formation serait la meilleure possible. Et d'après certaines rumeurs qui circulaient, il ne serait pas impossible que lors d'un vol, ils soient accompagnés par le commandant Hawley.

« Puis-je m'entretenir avec vous commandant? Demanda le lieutenant Tomasson à la fin du débreifing.
- Que puis-je pour vous? Répondit Emily.

- Je souhaitais vous remercier personnellement de la mission de ce jour.

- ne vous réjouissez pas trop vite, il ne s'agissait que d'un ballon. » Répliqua t-elle sèchement avant de tourner les talons et sortir de la pièce.

Chapitre 6 - La France au centre de toutes les discussions

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Chapitre 6 - La France au centre de toutes les discussions
Emily se rendit rapidement dans ses quartiers privés. Elle possédait un petit pavillon à l'écart dans l'enceinte, privilège accordé aux officiers supérieurs. Ce n'était pas une maison extraordinaire Quelle journée ennuyeuse, se dit-elle. Il était hors de question qu'elle reste commander à terre alors qu'elle pouvait être en première ligne dans les airs avec toute son équipe. Non, ce genre de fonction était plus destinée à Shanks. Il était plus du genre à envoyer les autres à l'avant pendant que lui profitait des victoires confortablement installé loin de l'action. S'il fallait se mettre à dos la hiérarchie, tant pis, Emily ne reculerait devant rien pour affirmer et assumer ses choix.

Son téléphone portable sonna dans le creux de sa poche. Le retirant d'un geste vif, elle décrocha afin de faire cesser le plus rapidement la sonnerie stridente.

« Hey salut! C'est Alex!

- Bonsoir Alex, comment vas-tu? Rentré au pays?

- Oui bien-sûr. Si je t'appelle pas, tu ne m'appelles pas non plus hein? Ça fait trois semaines que je suis à Melbourne!

- Excuse-moi, je ne vois pas le temps passer...

- Si tu veux savoir, je suis plutôt déçu d'être rentré. Je serais bien resté en France quelques semaines de plus.

- Tu es sûr que ça va? Tu détestes la France...

- Oui mais là c'est différent.. il y a cette fille que j'ai rencontré, tu sais Christa.

- Christa? Je pensais que tu aurais déjà oublié son prénom...

- Non loin de là, j'y suis vraiment attaché je crois.

- Oui, comme tu étais attaché à Astrid, Lara ou bien Amy dernièrement. Soupira Emily.

- Non! là, c'est vraiment différent.

- Ah, tu n'as pas réussi à l'avoir c'est pour ça?

- Comment le sais tu? Demanda Alexander avec étonnement.

- Je te connais pas coeur, tu es mon frère ne l'oublie pas! Nous avons passé un sacré bout de temps ensemble. Le charria Emily.

- Ouais... quoi qu'il en soit, elle vient en Australie, j'ai réussi à la convaincre.

- Elle vient en Australie? C'est dingue! Que lui as-tu fait?

- Je le lui ai demandé, tout simplement.

- Dis plutôt qu'elle fait un voyage d'affaire. Elle vient ici pour connaître la cuisine nationale afin de garnir sa carte en France.

- Serais-tu devin?

- Non c'est vrai? Elle vient pour ça? »

Emily se mit à rire bruyamment. Son frère n'avait rien réussi du tout mais il tentait tout de même de se convaincre de l'inverse. Son pouvoir de séducteur avait dû bien être entamé des suites de cette annonce...

« Oui mais elle vient quand même me voir aussi hein... se persuada t-il.

- Oui, je suis sûre que tu lui as fait de l'effet... ajouta avec moquerie Emily.

- Non sérieusement Mily, je ne sais pas ce que m'a fait cette fille mais je suis complètement fou d'elle. Je ferais tout pour être avec elle.

- Commence par la protéger... souffla amèrement Emily.

- Quoi? Que veux tu dire par là? Tu parles de la fois où elle s'est faite agresser? Je n'étais pas là et toi non plus que je sache, tu n'as rien à me dire là-dessus! »

Sous le coup de l'énervement, Alexander raccrocha le téléphone sans demander son reste. Il appelait sa soeur afin de recevoir des conseils, et avant même qu'il ne lui demande, elle venait de l'enterrer six pieds sous terre. Emily savait être cruelle de par ses paroles du fait qu'elle soient toujours criantes de vérité. Il ne put s'empêcher de la rappeler immédiatement.

« Allo?

- Excuse moi Mily, je me suis emporté.

- Ne t'en fais pas Alex, je ne m'attarde pas sur ton comportement.

- Merci. J'apprécie toujours ton honnêteté tu sais même si parfois ça fait mal...

- J'apprécie toujours ton emportement enfantin... renchérit Emily. Dis-moi tout.

- D'ordinaire, je ne suis pas du genre à étaler ma vie amoureuse, tu le sais, mais là... je suis perdu. Cette fille, elle m'obsède.

- Quand arrive t-elle?

- Elle sera là demain matin.

- Es tu amoureux?

- Je ne sais pas.

- Moi je pense que tu n'acceptes pas l'échec. C'est la première fille qui refuse tes avances n'est-ce pas? C'est une histoire d'ego. Laisse tomber.

- Ouais ben même si je ne l'aime pas, je la veux. Et je l'aurais.

- Bonne chasse Alex.

- Hey! Tu ne vas pas me laisser maintenant! J'aurais besoin d'un tuyau!

- Fais la venir à la maison, je la briferais. Allez je te laisse, j'ai à faire. A plus! »

Alexander ne changerait jamais. Il faudrait bien qu'un jour il s'installe, amoureusement parlant, dans sa vie. Emily repensa à Christa. Cette jeune femme était tout simplement ravissante et serviable à souhait. Emily se souvint de son coup de fil passé avant son départ pour l'Australie. Intérieurement, elle espérait un échec retentissant dans la tentative de séduction de son frère à l'égard de Christa. Elle méritait mieux que ça, bien mieux que ça. Emily se ressaisit subitement, pourquoi se préoccupait-elle de son sort?

Perdue dans un état absent, elle se retourna brusquement. Quelqu'un venait sans doute lui rendre visite. Elle entendit la sonnette d'entrée. A peine eut elle entre ouvert la porte qu'elle devina la silhouette de Shanks. Que diable lui voulait-il encore?

«  Emily, je ne m'excuse pas de te déranger.

- Le contraire m'aurait étonné...

- Si nous sortions ce soir. Il y a certaines choses que tu devrais savoir.

- Je n'ai pas la tête à cela Alek, mais je te remercie de l'invitation. Ne remet plus les pieds devant ce pavillon! »

Sur ce, elle referma la porte d'entrée hâtivement. Il était hors de question qu'elle sorte avec ce bougre. Elle se rendit dans sa chambre, dont l'environnement était pour le moins étrange. Emily dormait sur un tatamis qui trônait au milieu de la pièce minuscule. Un parquet en bois pour seule décoration principale et quelques natures mortes sur les murs reflétait la personnalité de son occupante: froide. Une armoire aux portes vitrées, incluse dans l'un des murs, attendait patiemment sa propriétaire. Emily s'y procura une tenue de sport composée d'un cycliste noir, une paire de gants de boxe, un tee-shirt brassière blanc et une paire de baskets. Direction le complexe sportif de la base. Rien de tel qu'un entraînement tardif pour se décontracter.

Alors qu'elle ouvrit la porte pour se rendre au gymnase, quelle ne fut sa surprise lorsqu'elle vit qu'une personne l'attendait sur le palier. Une jeune femme aux cheveux d'or, et au regard tourmaline la fixa, un léger sourire se dessinant sur les lèvres.

Emily cligna des yeux plusieurs fois comme pour se persuader que la personne qui se dressait devant elle était bien réelle. Contre toute attente, elle tourna les talons pour s'engouffrer précipitamment dans son pavillon. Que pouvait bien faire Christa ici?

La jeune blonde resta interdite devant le pas de la porte. Elle avait connu Emily beaucoup plus téméraire... Quelle mouche l'avait donc piquée? Elle qui se faisait une joie, sans savoir vraiment pourquoi, à l'idée de la revoir. Elle n'imaginait pas de telles retrouvailles. Finalement, en y réfléchissant bien, à quoi aurait-elle dû s'attendre? A ce qu'Emily lui réserve un merveilleux accueil, à ce qu'elle la serre fort dans ses bras? 'Enfin Christa' se dit-elle pour elle même, 'elle n'est même pas une amie!' De toute façon, elle n'allait pas repartir sans avoir parler à Emily, elle en était certaine. Elle s'était déplacée jusqu'ici en taxi. Ses bagages avaient été déposées à son hôtel dès son arrivée. En bref, elle était venue la fleur au fusil.

Alors qu'elle s'approchait avec précaution de l'entrée dans l'espoir d'être invitée à se glisser à l'intérieur, la porte se ré-ouvrit pour laisser découvrir une Emily tenant non pas un sac de sport dans la main mais deux. Elle en jeta un nonchalamment dans les bras de Christa et sans un mot, ni même un bonjour lui fit signe de la main. Son index attira son regard en direction d'une Mercedes Mac Laren crème stationnée sur le trottoir. Dans un silence oral plus que complet, Christa s'installa à l'avant du véhicule. Emily démarra en trombe et au lieu de se diriger vers le complexe sportif de la base militaire, passa plutôt l'entrée de l'enceinte pour s'enfoncer sur une petite route sinueuse.

« Comment m'as tu trouvée? Finit par lâcher Emily, sans un regard pour la jeune femme.

- Ton adresse, tu l'as donnée au commissaire Goya répondit Christa qui, quant à elle ne pouvait détourner le regard de la conductrice.

- Comment es tu entrée dans la base? Continua l'autre femme.

- J'ai demandé à te voir.

- Ils ne laissent pas entrer les civils d'ordinaire, fulmina Emily.

- J'ai un véritable talent de persuasion tu sais. Je crois que mon accent a pas mal aidé aussi. Tout le monde le trouve tellement mignon ici » commença à dire la jeune femme blonde.

Le début de toute conversation fut coupé net lorsque Emily alluma le lecteur-cd de la Mercedes laissant une musique forte, moderne et rythmée envahir l'intérieur du véhicule. Christa reconnut le titre « Candy Shop » de Madonna. Au lieu de se vexer, réaction qui aurait pu être adoptée par toute personne dans cette situation, Christa se tut et en profita pour se concentrer d'avantage sur la créature majestueuse à ses côtés.

Emily n'avait rien de commun, même cette antipathie apparente lui était unique. Cette dureté se reflétait dans toutes les personnalités qu'elle pouvait adopter. Christa avait remarqué sa capacité à se métamorphoser complètement selon l'environnement, les circonstances, les personnes en sa compagnie. Pas de doute là-dessus, Emily était hors-normes. Christa ne réalisa pas encore à quel point cette nouvelle rencontre allait changer le cours de sa vie.

Perdue dans ses pensées mais concentrée sur la route, Emily reprit pied lorsque le titre « Voices » se fit entendre. Elle augmenta le volume à en perdre ses sens, son âme absorbant le flot continu de paroles.

Voices - Madonna

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics

Vidéo Youtube





Treat me like a curse
Then tell me I'm your saviour
I never liked the stranger
I used to know so well
Waiting for your answer
Is a kind of torture
Could I grow accustomed to this kind of hell?

Are you walking the dog, 'cause that dog isn't new
Are you out of control, is that dog walking you
Haven't you had enough, now your time is up
Baby show me your hell

Voices start to ring in your head
Tell me what do they say
Distant echoes from another time
Start to creep in your brain
So you're playing 'round, it's like it's a rewind
You blew it so often that you start to believe it
You have demons so nobody can blame you
But who is the master and who is the slave?

First you say you love me
Then you wanna leave me
Then you say you're sorry
You play the game so well
I bought your illusion
You're the greatest salesman
How could I refuse you
When you sold it to yourself


Are you walking the dog, 'cause that dog isn't new
Are you out of control, is that dog walking you
Haven't you had enough, now your time is up
Baby show me your hell

Voices start to ring in your head
Tell me what do they say
Distant echoes from another time
Start to creep in your brain
So you're playing 'round, it's like it's a rewind
You blew it so often that you start to believe it
You have demons so nobody can blame you
But who is the master and who is the slave?



Chapitre 7 - A charge de revenche

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Chapitre 7 - A charge de revenche
Emily accéléra l'allure, c'est comme si elle était totalement hypnotisée. Au fond elle ne pouvait s'empêcher de se dire 'ne recommence pas Emily, ne fais pas cette erreur, ce n'est pas pour toi tous ces sentiments, tu n'en as pas le droit, ne deviens pas celui que tu as haï, dépose-la».

Christa se trouvait partagée. Que faisait-elle dans cette voiture avec cette entité qui semblait dès lors comme envoûtée. Malgré tout, elle restait fascinée et la seule action possible était de la dévorer des yeux. Une impression bizarre la parcourut. Elle voulait la toucher, la serrer. Christa détourna sa vue et s'attacha au paysage sombre de la nuit tombante. Elle avait tant d'admiration pour Emily. Elle ignorait pourtant tout de sa vie, son passé, son histoire. Elle était convaincue que tout ceci ne pouvait être qu'exceptionnel.

Emily leva le pied lorsque les lumières d'une petite ville firent leur apparition. Elle freina vivement devant un grand bâtiment qui semblait désaffecté. Les deux femmes sortirent de la voiture et Christa suivit machinalement Emily jusqu'à l'intérieur de ce qui s'avérait être un hangar. Elles marchèrent jusqu'au fond de la bâtisse et entrèrent dans un immense ascenseur en ferraille. Au second niveau, Christa découvrit une salle de sport tout équipée. Un ring de boxe trônait au centre tandis que divers appareils de musculation, des sacs de frappe et des tapis au sol étaient dispersés de part et d'autre de ce ring. Personne ne se trouvait à l'intérieur, la salle avait une allure fantomatique. Bien que située dans une construction plus que lugubre, elle était très propre, très high-tech. Y émanait une atmosphère pressante, lourde, aride et sombre. Qui fréquentait l'endroit?

Emily jeta l'un des deux sacs de sport qu'elle transportait dans le bas-ventre de son hôte avec une telle force que cette dernière faillit presque en perdre l'équilibre.

« Vas tu changer, là-bas! » Ordonna la brune en pointant un vestiaire à sa droite.

Décidément, Emily n'arrêtait pas de surprendre son monde. D'un pas adroit, elle zigzagua entre les divers appareils et se rendit à son tour dans un vestiaire afin de revêtir une tenue de sport. A peine eut-elle terminé de se préparer qu'en sortant, elle vit Christa se précipiter vers la chaîne hifi suspendue à un pan de mur. Elle y brancha son ipod. Quel genre de musique pouvait-elle bien écouter se surprit Emily à imaginer.

Björk « All is full of love »

Elle bloqua également sur la tenue de Christa. Pieds-nus, le pantalon trois-quart qu'elle lui avait prêté était nettement trop grand pour elle, tout comme ce tee-shirt rose qui lui tombait presque sur les genoux. Christa sentit le regard de la brune sur elle. Elle rougit immédiatement et comme pour reprendre confiance, elle se saisit du surplus de tee-shirt pour en faire un noeud serré autour de la taille et fit un clin d'oeil malicieux à son acolyte.
« Je comptais m'entraîner un peu quand tu es arrivée...

- Pas la peine de t'expliquer, j'avais compris, la coupa Christa.

- Peut-être que si tu sais te défendre, tu arrêteras de me prendre pour ton égérie et de me coller par la même occasion!

- Je trouve que tu y vas un peu fort. Je suis de passage en Australie et aux vues des derniers évènements, il était hors de question que je ne te remercie pas face à face. Tu te fais tout un film sur mes intentions je crois, objecta très calmement la jeune française.

- Mets tes gants et ton casque. »

Ce faisant, l'australienne se rendit à la chaîne hifi. Le rythme mélodieux de björk fut interrompu par celui plus électronique et enjoué du groupe « Boiz Noize ». Elle monta ensuite sur le ring en invitant Christa à la rejoindre, la détailla bestialement avant de se jeter littéralement sur elle. Christa fut surprise mais cet assaut ne la perturba pas, comme son assaillante l'espérait. Elle avait suivi non seulement des cours de silambam mais aussi des cours de full contact. Son niveau était d'ailleurs excellent. En se remémorant ce dernier détail pour se rassurer, elle pensa n'être vraiment qu'une pauvre fille. Malgré ses connaissances, elle s'était faite frappée à sang sans avoir même eu le temps de réagir devant son restaurant à Nice. Mais aujourd'hui, même s'il ne s'agissait que d'un entraînement, elle ne faillirait pas!

Emily lança son premier coup droit. Il s'écrasa sur la garde solide de son adversaire. Elle l'assaillit de coups directs à petite course en balancée-jetée. Christa ne put que consolider sa garde, esquivant de temps à autre et répliquant par de légers coups de poings circulaires crochetés.

« Cogne! » Grogna Emily.

Malgré cet ordre expéditif, Christa ne put se résoudre à « cogner » plus fort. Ce fut avant que son opposante ne conteste ce refus par une série de coup de poing directs à grande course puissants et lourds. Christa esquiva du mieux qu'elle put, ce qui ne retira pas le fait que sa garde bien entamée ne tiendrait pas longtemps le coup si elle ne se défendait pas. Car l'adage est bien connu, la meilleure défense, c'est l'attaque. Le déclic se produit au moment où Emily perdit patience.

« Fini l'échauffement! » Gronda t-elle, avant de lui administrer un coup de poing de revers retourné du droit suivi d'un coup de poing du gauche plongeant, d'une puissance phénoménale qui jeta littéralement la jeune blonde au sol.

« Défends toi! S'époumona Emily, réagis!

- Que veux-tu? Cria Christa qui perdait peu à peu patience. Me montrer ma faiblesse en me rabaissant comme un chien! »

Sur cette protestation, elle lui asséna un front-kick fouetté en plein ventre, qui fut, comme elle l'espérait, contré derechef sans provoquer le moindre sourcillement chez son adversaire. Les rôles s'inversèrent alors selon la volonté d'Emily. Christa déchargea tout le stress accumulé des derniers temps sur la garde impeccable d'une femme habile et experte en la matière. Half-swings, leads, semi-crochets, back-kicks, side-kicks... tout y passa.

« Finex! » Signala la grande femme.

Alors qu'elle se retournait pour sortir du ring, Christa surgit sans crier gare et lui sauta dessus telle une furie. Sous le choc du contact, Emily vacilla et s'écrasa à terre. Christa acheva son offensive à califourchon sur Emily et lui déchargea une nouvelle série de coups avant de s'évanouir sous l'épuisement.

Se ressaisissant sur le champs, allongée de tout son long contre l'australienne, ses yeux se portèrent sur cette femme à peine fatiguée, affichant un sourire tantôt joueur, tantôt démoniaque. Les visages des deux jeunes femmes n'étaient séparés que par quelques centimètres. Emily pouvait sentir le souffle chaotique et chaud de Christa. Elle lisait aussi de l'incompréhension dans ses yeux. Son coeur battait la chamade. Cette femme blonde lui administrait une sensation qu'elle n'avait guère eu le temps d'éprouver ces dernières années.

« Nous sommes quittes s'écria Emily. Tu vois, tu ne me dois rien.

- Pardon?

- Je voulais te montrer. N'importe qui, même maîtrisant un art de combat, peut se faire surprendre. Tu ne me dois plus rien. »

Christa resta impassible. Emily était vraiment une femme curieuse. Le genre de femme qui pouvait faire des émules, rassembler en grand nombre des personnes de toutes nationalités, les mener à la suivre avec un seul hochement de tête. Elle l'admirait profondément. Son objectif serait d'en faire son amie.

Emily savait lire dans le regard des gens qu'elle côtoyait. Elle était capable de connaître, bien avant qu'eux-mêmes ne s'en rendent compte, ce qu'ils avaient au fond du coeur. Pourtant, ce soir-là, ce qu'elle vit dans celui de Christa ne l'y invita pas. Elle t'aime bien se dit-elle c'est déjà ça.

Les deux femmes restèrent un instant qui sembla une éternité l'une au dessus de l'autre. Une petite porte dérobée s'ouvrit sur la salle de sport. Un homme fit son apparition.

« Emily, voilà pourquoi tu ne voulais pas sortir avec moi ce soir... pesta t-il.

- Alek? Tu me suis ou quoi? Cracha la brune, repoussant dédaigneusement Christa afin de sortir du ring.

- Excuse-moi de fréquenter la même salle de sport que toi, se contenta de répondre le nouvel arrivant. Je ne savais pas que tu...

- Ne te méprends pas... je ne suis pas de ce bord!

- Ah tu me rassures, je pensais avoir perdu ma chance.

- Tu l'as perdue depuis bien longtemps lui lança t-elle, le regard noir. Christa, allons-y. »

Shanks dévisagea Emily tout en lançant de vifs coups d'oeil à la petite femme blonde qui l'assistait. Il était rare de voir la militaire accompagnée en dehors des heures de services. Elle était connue comme étant solitaire, insociable et mystérieuse. Une énigme ambulante. Une énigme cependant convoitée par de nombreuses personnes. Shanks resta sans voix lorsqu'il vit les deux seules sportives quitter la salle bien trop rapidement à son goût pour rejoindre les vestiaires.

« Tu as du gel douche, une serviette et de quoi te changer si tu le souhaites.

- Merci, je vois que tu penses à tout.

- Par contre, il y a un léger soucis... débuta Emily.

- Lequel, je t'écoute?

- Les douches sont communes, j'espère que cela ne te gène pas.

- Bien-sûr que non! Sourit la blonde.

- Bon alors tout va bien, je craignais que tu ne souhaites pas te laver... et comme tu sues énormément, j'avais peur que tu tâches les sièges en cuir de ma voiture, dit Emily dont le sérieux dépassait la réalité.

- Tu te moques de moi?

- Oui » appuya t-elle, affichant toujours le même sérieux.

'Elle est capable de me taquiner, c'est un bon début' pensa Christa avant de se dévêtir pour rejoindre la salle d'eau, talonnée par la grande femme brune. Le meilleur instant après l'effort ne pouvait se traduire que par une douche bien chaude et savonneuse. Alors que Christa se rendit directement droit au but. Emily resta en retrait. Elle ne voulait pas que l'autre jeune femme se sente mal à l'aise en sa présence. Son corps ayant de par le passé subi quelques assauts de balles ennemies, présentaient de nombreuses cicatrices même infimes.

Finalement, voyant que Christa prenait tout son temps, elle se rendit tout de même auprès d'elle. Elle avait dans l'idée d'en terminer le plus vite possible. Partager son intimité de la sorte n'était pas dans ses habitudes. Qui plus est, peu de femmes fréquentaient cette salle de sport pour ne pas dire aucune. Elle ne put s'empêcher d'observer du coin de l'oeil les formes de la française. Malgré sa petite taille, tout chez elle était harmonieux. De sa peau bien que rougie par le soleil émanait une aura angélique. En dépit de son allure pour le moins musclée, tout chez cette fille était mignon. Emily essaya de se concentrer sur un autre sujet de réflexion. Christa était loin de susciter chez elle des idées nettes. En sa présence, elle se sentait toute chose. C'était la première fois que cette sensation la parcourait depuis bien des années. Que cela se produise en la présence d'une jeune femme la perturbait d'autant plus. Croyant se connaître dans les moindres détails et maîtriser ses pulsions, Emily se sentit perdue.

En revanche, de son côté, Christa avait la tête ailleurs. Elle réfléchissait sur le combat qui venait de se dérouler quelques minutes plus tôt. Il ne lui serait pas venu à l'esprit de jeter un oeil sur sa partenaire de douche. La dernière remarque faite par son assaillante avait fait dans ses pensées sont petit bout de chemin. Ce fameux jour, à Nice, elle s'était faite surprendre voilà tout. Emily, étant une combattante exceptionnelle, cela avait aidé qu'elle se trouve encore dans le coin lors de l'agression. Christa tentait de se convaincre de cette version des faits. Manifestement, depuis son arrivée en Australie, sa présence n'était pas la bienvenue auprès d'Emily, elle s'en rendait bien compte. Cette femme d'un fort tempérament l'avait tout bonnement aidée comme elle l'aurait fait avec n'importe qui après tout. Cette intervention opportune reflétait par exemple l'engagement d'Emily au sein de l'armée de son pays. Christa s 'était imaginée de fausses idées en venant directement la voir chez elle, sur son propre territoire. Sa vulnérabilité en tant qu'étrangère était inévitablement frappante.

Le temps de la douche terminé, les deux jeunes femmes se retrouvèrent sur le chemin du retour. Emily paraissait plus nerveuse qu'au départ. Le parcours du retour fut tout aussi musical que l'allée. Christa imaginait une certaine rigueur de vie chez la conductrice mais au volant elle se laissait aller complètement au rythme endiablé du son soigneusement choisi et attentivement écouté.

« Où dois-je te poser?

- Et bien, je comptais reprendre un taxi pour me rendre à mon hôtel...

- Où es ton hôtel?

- A trente kilomètres environ de ta base environ...

- New South Wales j'imagine.

- Oui c'est bien ça mais...

- C'est pas loin. J'ai du temps devant moi. Je t'y conduis. »

Emily déposa Christa devant le Swissôtel Sydney, un établissement réputé pour son standing et sa clientèle très huppée. Sans même un regard, ni une parole échangée, la Mercedes Mc Laren démarra en trombe, ne laissant le temps à sa conductrice d'apercevoir le regard dépité de Christa plantée au milieu de l'allée principale menant à l'hôtel.

Leur nouvelle séparation se déroula ainsi. L'étrangeté de cette dernière reflétait singulièrement l'étrangeté et la singularité d'Emily. Que pouvait-il y avoir dans ce coeur qui soit à ce jour si blessé pour qu'il réagisse en rejetant systématiquement les autres? Quelle était l'histoire de cette femme? Que cachait son jeu? Ces questions tournèrent et retournèrent dans la petite tête blonde sans parvenir à un soupçon de réponse.

Chapitre 9 - L'ombre d'un regard

Publié le 12/12/2008 à 12:00 par xefanfics
Chapitre 9 - L'ombre d'un regard
«  Je suis tellement heureux de te revoir Christa! S'enthousiasma Alexander qui attendait patiemment l'arrivée du vol 315 à l'aéroport de Melbourne.

- Bonsoir Alex! Répondit Christa le visage lumineux. Je ne pensais pas que tu m'attendrais. J'ai bêtement raté l'avion pour Melbourne en France...

- Ce n'est pas grave, l'important c'est que tu sois là. J'ai prévu tout un tas de chose pour ton séjour! Combien de temps restes-tu?

- Et bien, je n'en suis pas certaine... je pensais rester une semaine sûre, après je ne sais pas, osa timidement Christa.

- Une semaine seulement? Se lamenta l'australien.

- J'ai repris mon travail, et il me prend énormément de temps tu sais. Et n'oublions pas, je suis ici pour affaires!

- Oui oui, bien-sûr je comprends. Je t'amène à ton hôtel?

- Ce serait gentil, merci. »

Alexander avait maintes et maintes fois demandé à Christa de résider chez lui le temps de son voyage afin de lui éviter des frais supplémentaires. Christa avait refusé chaque proposition audacieuse dirigée en ce sens. Il était hors de question qu'elle soit à la merci de quelqu'un. Le mot liberté était bien trop important pour elle. Le « Grand harbour Accomodation » serait l'établissement qu'elle fréquenterait. Il était proche du quartier des affaires de la ville et surtout proche du restaurant situé en bord de mer connu sous le nom de « New Quay ». Ce restaurant était en vogue depuis quelques années et proposait une cuisine qui dépassait tout ce qu'avait pu imaginer Christa. Par chance, elle avait réussi à programmer un rendez-vous avec le très éminent chef-cuisinier Smith Corey afin de discuter de sa technique de travail et spécialement sur la possibilité d'ajouter à la carte du Gréco quelques plats issus de sa carte.

Christa était une fine négociatrice et parvenait généralement à ses fins en la matière. Néanmoins, les derniers évènements vécus auprès d'Emily avaient quelque peu mis à mal ses convictions. Aucun dialogue n'avait pu être instauré et cette situation n'avait jusque là jamais eu lieu dans sa vie... Un seul échec dans toute une vie de ce côté là n'aurait pas été dramatique pour le commun des mortels, mais c'était sans compter le caractère têtu de la française. Qui lui résistait méritait d'être plus que connu et combattu!

« Eh! Oh! Christa? On est arrivé! »

Alexander la tira de ses pensées et l'aida gentiment à descendre de la voiture. Ses moyens semblaient bien différents de ceux de sa soeur. Christa sortit difficilement de la petite voiture blanche Hillman modèle 70. Ses bagages stockées dans le petit coffre cabossé furent tout aussi difficilement retirés. Alexander insista pour les monter lui-même dans la suite de son amie esquissant un sourire vengeur auprès des employés de l'hôtel prévus initialement pour cette tâche rapportant quelques dollars auprès des clients en guise de pour boire. Une fois les bagages déposé dans une suite fort confortable avec une vue magnifique sur le port, les deux jeunes gens en profitèrent pour se détendre comme il se doit autour d'un verre de mojito.

Alexander amusait Christa. Il était au petits soins avec elle et son ton si mielleux la transportait sur un petit nuage. Il pourrait être l'homme parfait se dit-elle avec détachement. Malgré toutes ses bonnes oeuvres, le jeune homme ne la séduisait plus autant qu'à leurs dernières retrouvailles. Tant de choses s'étaient passées. Tant de choses trottaient dans son esprit. Un membre de la famille Hawley l'obsédait mais il ne s'agissait pas d'Alexander... Le tout était de parvenir à obtenir des informations concernant cette fameuse personne mais sans pour autant éveiller le moindre soupçon...

«  Comment va Caitlin? S'aventura en premier lieu Christa.

- Elle va bien, elle est contente que je sois rentré à la maison, je redeviens son fils à elle...

- Son fils à elle? Je l'imagine mère poule oui.

- Oui enfin...

- Tes parents habitent Melbourne aussi?

- Oui pour mon malheur! Soupira Alexander avec sarcasme. Ma mère est sur moi oui comme tu pouvais l'imaginer, je l'avoue!

- Et alors j'ai vu toute ta famille la dernière fois en France?

- Oui, toute la famille au grand complet. Et c'est vraiment une chance pour toi! Tu n'imagines pas à quel point il est rare de nous voir tous réunis!

- C'est bizarre, tu viens de me dire à l'instant que ta mère ne te lâchait pas une seconde... objecta avec malice Christa.

- Je ne veux pas parler de mes parents, je pensais plutôt à ma soeur. Tu sais, Emily. Avec son mutisme total cela ne m'étonnerait pas si tu ne t'en souviens plus.

- Ah oui, ta soeur, je l'avais oublié effectivement, mentit Christa, tu ne m'en veux pas.

- Non, tu sais j'aime ma soeur comme elle est. C'est normal, je suis son frère après tout même nous sommes vraiment l'opposé elle et moi. Je ne la vois pas souvent pour ne pas dire du tout. Elle travaille dur toute l'année et loin d'ici.

- Ah oui? Où ça?

- Et bien, elle est interprète de conférence à Canberra.

- A Canberra? S'étonna son interlocutrice.

- Ouais.

- C'est quoi ce job? Un truc militaire?

- Un truc militaire? Reprit l'australien manquant de s'étouffer en avalant une gorgée de son précieux breuvage. Ah non! Tu te trompes... Emily? Militaire? J'aimerai bien voir ça... Il se mit à rire doucement. Non, elle est dans la politique, tu sais c'est à elle qu'on fait appel lorsqu'il y a des réunions entre des représentants étrangers et australiens. C'est pour ça qu'elle parle mieux français que moi! Avoua t-il honteusement.

- Oh mais non tu parles très bien toi aussi je t'assure.

- J'apprécie la gentillesse avec laquelle tu es capable de mentir Christa mais tu ne me berneras pas...

- Je crois que j'ai faim! Je ne crois pas j'en suis sûre! S'exclama la jeune blonde sans crier gare.

- Je t'emmène au restaurant? Supplia son hôte.

- On pourrait manger ici?

- Non je connais un petit restaurant extra dans le coin, tu m'en diras des nouvelles!

- Fais bien attention à qui tu t'adresses jeune homme! Je te signale que je m'y connais un peu en matière de cuisine!

- Je me risque! »

Christa faillit refuser l'offre si généreusement proposée par Alexander lorsque à la sortie de l'hôtel elle vit la Tillman qui l'attendait. Son seul espoir dans ce moment de solitude fut que le restaurant dont parlait son ami ne fut qu'à quelques pas de là. Hors de question de se faire mal au dos après s'être durement rétablie au niveau du visage. A son grand soulagement, le restaurant ne se trouvait effectivement pas très loin.

Christa fut tout de même déçue quand elle réalisa qu'Alexander l'invitait à déguster un repas dans une auberge française. Elle s'était rendue dans ce pays afin d'y déguster ses saveurs culinaires et voilà qu'il l'emmenait dans le pire endroit auquel elle aurait pu prétendre. Sur ce coup, Alex était hors jeu. Malgré ce petit désagrément, cela n'empêcha nullement Christa de dévorer quelques uns des plats proposés dans la carte.

L'établissement était plutôt luxueux. Les serveurs s'occupaient avec soin de leurs clients, assistant ces derniers pour la moindre demande ou réclamation. Plusieurs table rondes ornaient une pièce aux couleurs pâles et bien trop fades. A croire que le français à travers le monde était toujours défini par ce personnage froid, hypocrite et renfermé. Christa ne put s'empêcher de penser à Emily. Ce genre d'endroit collait parfaitement à son caractère. Le restaurant affichait toutefois salle comble. Nombre d'australiens savourait les délices qu'offrait la cuisine française.

Le jeune couple fut placé à une table campée au centre de toutes les autres. Ce fut au détriment d'Alexander, il faut bien le croire... Le spectacle commença tout d'abord par des toasts au foie gras sauté au romarin. Ensuite, ce fut au tour d'une merveilleuse blanquette de veau. Alexander suivit jusque là mais ne put accéder au stade suivant... Christa enchaîna avec un confit de canard accompagné d'aligot. Elle termina la série par deux parts de quiche lorraine. Alexander la regardait se délecter de chaque mets avec des yeux ahuris. Comment un si petit être arrivait à engloutir intégralement autant de nourriture en un rien de temps et avec si peu de difficulté?

Alors que le dessert, une tarte-tatin, venait d'être déposé sur la table le téléphone portable d'Alexander se mit à sonner.

« Allo?

- Alex? C'est Emily ça va?

- Mily? Répéta t-il avec stupeur, tu m'appelles? toi?

- Oui, pourquoi une grande soeur ne se soucierait elle pas de son très cher petit frère adoré?

- Euh... ce n'est pas dans tes habitudes d'ordinaire...

- Il faut que je te vois.

- Me voir? Quand ça?

- Tout de suite. J'ai vu que tu n'étais pas chez toi.

- Mais tu es à Melbourne? Je croyais que tu devais assister à un congrès aujourd'hui, c'est maman qui me l'a dit ce matin.

- Le congrès a été annulé.

- C'est que ce soir... commença vainement Alexander.

- Je dois te voir!

- Mais je suis accompagné là!

- Ça m'est égal.

- Franchement Mily...

- Où es tu?

- A l'auberge de Paris.

- Bien, je suis à côté.

- ...

- Je pars.

- ...

- Attends moi. »

Alexander se sentit brutalement mal à l'aise. Si Emily s'était déplacée jusque ici c'est que quelque chose de vraiment très grave devait se tramer. A son souvenir, elle n'était venue qu'une seule fois à Melbourne. C'était à la mort de leur plus jeune frère Jasper, il y a un peu plus de deux ans de cela. Et le concernant personnellement, c'était la dernière fois qu'il l'avait vu en Australie avant ce jour. Une dizaine de minutes s'enchaînèrent sans qu'une seule parole soit échangée avec Christa. Cette dernière était trop occupée par le dessert qui trônait au centre de la table pour s'en soucier. Elle n'osait cependant pas y toucher tant qu'Alexander ne prenait l'initiative de la servir.

« Je crains être dans l'obligation d'écourter cette soirée...

- Si tu dois partir vas-y. Ne t'en fais pas pour moi, souffla Christa les yeux rivés sur la pâtisserie tout juste placée sur la table.

- C'est que...

- Écoute, je réglerais la note, vas-y! Commanda la jeune femme, tenaillée entre l'envie de sauter immédiatement sur la tarte ou celle de saliver un peu plus longtemps devant elle dans l'attente d'être servie et donc de se comporter avec politesse.

- Nous sortirons ensemble tu veux bien? Je vais attendre que tu termines ton repas et nous sortirons ensemble, insista Alexander comme pour se rassurer.

- Je ne voudrais pas t'embêter voyons, articula avec effort la jeune femme, la galette tant désirée remplissant les trois quarts de sa bouche. Elle avait opté pour le premier choix...

- Non non tu ne m'embêteras pas, s'engagea t-il dubitatif. Au contraire, je crains le pire.

- Le pire?

- Ma soeur Emily arrive, elle nous rejoint.

- Emily?!! »

Christa avala de travers à l'annonce de ce prénom. Elle aurait pu s'y attendre si elle avait écouté la conversation téléphonique tenue par Alexander auparavant. Son ventre avait pris le dessus, toute parole à l'arrivée des desserts n'aurait pu être entendue quoi qu'il advienne.

'Mince alors, je vais la revoir' se dit-elle. Une boule vint insidieusement s'installer au niveau de son estomac. Impossible de porter une part de plus de la délicieuse tarte à la bouche. C'est à ce moment qu'elle réalisa également qu'il lui était impossible de respirer. A son grand dam, un morceau de la précieuse galette s'était malencontreusement coincé dans son conduit respiratoire. Alors qu'elle gesticulait faiblement sur son siège sans pour autant émettre le moindre son, Alexander se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Il se leva mais un cri l'interrompit avant même qu'il ne réfléchisse à ce qui était en train de se produire.
« Ne vois-tu pas qu'elle s'étouffe?! »

Une voix familière, si douce mais si autoritaire à la fois, provoqua un frémissement chez Christa. Elle sentit deux bras athlétiques et puissants l'enserrer fermement. Une femme d'une extraordinaire beauté, au travers de rudes compressions abdominales appliqua la méthode de Heimlich. Le corps étranger fut expulsé au bout de trois pénibles pressions. Christa faillit perdre connaissance, elle s'était sentie partir. A bout de souffle elle s'écroula en larmes dans les bras de sa libératrice.

Toutes les personnes présentes dans le restaurant s'étaient levées, avides d'une curiosité malsaine. Alexander regarda pour la première fois de sa vie sa propre soeur avec mépris. Il la bouscula avec une violence à peine contenue pour se saisir et enlacer le petit corps respirant douloureusement.

« Qu'est-ce que tu attends, appelle les secours cria t-il le regard mauvais.

- Calme-toi Alex, elle ne craint plus rien se contenta de répondre Emily. Va lui passer un peu d'eau sur le visage. Il pourrait y avoir un risque d'infection bronchique. Allez voir un médecin demain dans la journée.

- Ça va! Je sais ce que j'ai à faire! »

Christa fut calmement menée à l'écart de la foule. Elle reprit peu à peu ses esprits. La vision d'Emily était bien réelle. Elle était là, debout, à portée de main. Vêtue d'un pantalon moulant en cuir et d'un blouson de la même matière, le tout de couleur noire, Christa ne pu s'empêcher de penser à Catwoman... D'un naturel inattendu, la première chose qu'elle réussit à articuler fut: « Reste t-il un bout de tarte? ». Cette réflexion inopportune dans un moment pareil entraîna un vif fou rire auprès des personnes inquiètes qui formaient autour d'elle un demi-cercle. La malheureuse victime crut ainsi voir pour la première fois le premier véritable sourire qui échappa à la vigilance d'Emily.

« Ne vous occupez pas de moi, s'empressa t-elle de rajouter. Je crois que vous aviez des choses importantes à vous dire ce soir non?

- En effet. Je dois impérativement m'entretenir avec toi. L'heure est grave tu dois m'écouter attentivement.

- Mily, je ne peux pas laisser Christa comme ça après ce qui est arrivé!

- Je vais bien Alex, je t'assure.

- Allons tous les trois chez moi » ordonna Emily.

Arrivés sur le trottoir devant le restaurant, Emily se moqua ouvertement et fortement d'Alex.
« Alors c'est comme ça que tu dragues? Toujours cette voiture? Ne me fais pas croire qu'elle roule encore!

- Oui elle roule! S'esclaffa t'il pour se défendre, ses joues devenant fatalement cramoisies.

- Ne me dis pas qu'avec tout ce que te donne nos parents tu n'as pas pu te payer quelque chose de mieux!

- Elle a une valeur sentimentale. Je te signale qu'elle appartenait à Jasper! Enchérit-il, puis il ajouta une certaine hostilité, Mais j'oubliais... toi tu ne considères pas ta famille. »

Un éclair de fureur traversa le regard acier de l'australienne. Elle bondit en un quart de seconde sur son frère en le poussant jusque contre le mur de l'auberge. Ses mains agiles enserraient fortement le cou du pauvre homme qui se débattait sans grand succès.

« Je te défends de parler de Jasper devant moi! Tu ne sais rien de moi! RIEN! »

Une main aventurière et anodine s'avança pour se positionner sur l'épaule de la femme surexcitée qui semblait ne plus répondre de rien. Elle croyait agir avec discernement. Ce ne fut pas le cas. Emily, se décala légèrement et évita le contact envisagé avec soin. La tentative n'eut aucun effet, la grande femme restant concentrée avec hargne sur la souffrance maintenant palpable qui se lisait sur le faciès de son frère. Elle finit par le lâcher non sans délicatesse. Elle le jeta tout bonnement à terre sans finesse aucune.

Sa force et sa suprématie en étaient, ce fut une certitude dans le coeur de la française, effrayantes. Avec quels moyens cette entité incroyable parvenait à ces résultats?

« Alex, prends Christa avec toi et suivez-moi. »

Emily chevaucha alors une moto couleur noir mât stationnée juste à côté de la Tillman. Elle enfila un casque posé auparavant sur la scelle et démarra avec panache un ducati mostro qui ne demandait qu'à vrombir de plus belle. Christa aida son ami à se relever et à s'asseoir au volant de son véhicule. Elle prit la place du passager avant et l'encouragea du mieux qu'elle put pour qu'il réagisse et fasse quelque chose. Démarrer par exemple. Peu lui importait s'il prenait la décision de ne pas suivre sa soeur, seule sa sécurité à cet instant comptait. Évidemment, il ne se nommait pas Hawley pour rien et il choisit de chaperonner sans grande réussite le bolide à deux roue qui zigzaguait aisément dans le trafic.

« Je ne l'ai jamais vu dans cet état! S'écria t-il. Je ne la reconnais pas.

- Pourquoi la rejoins tu alors?

- Tu veux que je te pose à ton hôtel?

- Non, non! Si tu me poses, tu vas la perdre de vue, je ne pense pas qu'elle s'arrêtera pour t'attendre.

- Je ne pense pas non plus, tu as raison. Je suis désolé de t'imposer cela...

- Qui est Jasper? Se risqua Christa.

- Jasper?

- Si tu ne souhaites pas m'en parler, je comprendrais...

- Non, je ne suis pas de ces personnes qui gardent tout pour elles. Tu as le droit de savoir après tout... »
Alexander, toujours aussi concentré à suivre la furie sombre qui allait et venait entre les voitures, prit une grande inspiration et commença son récit.

« Jasper était notre frère aîné. C'était un homme remarquable, il n'y a pas d'autre mot pour le définir. Il est mort il y a un peu plus de deux ans maintenant. Il n'avait que 27 ans. Il était pilote de chasse dans la Royal Air Force. C'est l'armée de l'air australienne. Il servait dans un escadron de combat de la base d'Amberly. Un soir, il est parti en vol lors d'une mission d'entraînement au dessus des plaines d'Ispwich. Il y a eu un incident. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé. Un matin, un officier de sa base est venu annoncer la nouvelle à mes parents. Son avion s'est crashé lors de cette ultime mission de routine. Ça a été très difficile pour nous tous, Jasper était la fierté de notre famille.

- Jasper était pilote de chasse?

- Oui, l'aviation était toute sa vie. Une véritable passion. Rien n'aurait pu l'arrêter.

- Il ne s'entendait pas avec Emily?

- Si, ils étaient très liés. Pour t'avouer la vérité, j'étais plutôt en retrait moi, à rester entre les griffes de ma mère.
- Mais... Emily...

- Je ne sais pas ce qui lui a pris. Mais par dieu, quelle impressionnante poigne! Me faire corriger par ma propre soeur, tu dois me trouver réellement ridicule...

- Non... quelle femme quand même!

- Ah ça tu l'as dit! »

Christa rit de bon coeur. Elle réalisa qu'Alexander était un peu comme elle face à Emily. Désarmé et... humain. L'intérêt pour le jeune homme se manifesta par cette simple évidence. Qui aurait été à la hauteur de sa soeur? Qui pourrait même l'impressionner? Personne, sans nul doute.

La Ducati freina brusquement devant un petit hôtel, dans un rue tout aussi petite, pas très bien fréquentée il faut l'avouer. Emily se pencha en avant sur sa moto afin de vérifier quelque chose sur le compteur. Christa se surprit à observer le tableau qui venait tout juste de se peindre devant ses yeux envoûtés. Les formes idylliques captivèrent Christa. Elle se reprit instantanément lorsque la main d'Alexander la tira du siège de la voiture. Comment était-ce possible? Elle venait de lorgner une femme? Non pas n'importe quelle femme. 'Elle a tout pour elle, et tu ne peux que baver devant cet état de fait, voilà tout' se rassura la blonde.

Les trois compères entrèrent dans cet hôtel plus que douteux. Emily y avait réservé une chambre. Pas de quoi frémir de joie à l'intérieur. Un grand lit trônait au milieu d'une minuscule pièce. Son édredon capitonné bleu pâle présentaient de nombreuses traces et tâches graisseuses d'une provenance plus qu'obscure. Une petite table de nuit bancale en teck secondait misérablement l'autre unique meuble de la pièce, une commode en fer dont une porte était manquante. La tapisserie à carreaux rouge vichy réduisait la surface approximative de la chambre. Sans parler des horribles rideaux roses assortis à la poignet de porte.

Emily invita ses deux invités à s'asseoir sur le lit. Elle jeta un rapide coup d'oeil à la fenêtre avant de se diriger à leur hauteur.

«  Excuse-moi pour le dérangement, je ne peux pas rester. Je repars demain et je doute fort que nous ne nous revoyions avant un bon bout de temps.

- Ce n'est pas comme si nous avions l'habitude de nous voir tous les jours hein... ne put s'empêcher de murmurer son frère.

- Je dois partir dans peu de temps. Je suis mutée dans une ambassade australienne à l'étranger. Je ne peux te révéler l'emplacement exact, il s'agit d'une mutation confidentielle. Je voudrais juste que tu prennes soin de nos parents.

- Et?

- Ne tente par aucun moyen de me joindre. Si besoin, c'est moi qui t'appellerait.

- Je ne comprends pas tout.

- La seule chose à comprendre c'est qu'il va falloir m'oublier pendant un temps. Je n'existe plus d'accord?

- Comment ça tu n'existes plus? Tu es bien là pourtant? Tu es bien réelle enfin!

- Alex! Ne m'énerve pas c'est un conseil.

- A toi de faire en sorte que cela n'arrive pas alors! Tu fais partie de l'ASIS? Ils prennent les interprètes maintenant?

- Ne pose pas! Ne pose plus de questions! Contente toi de faire comme si nous ne nous connaissions pas. C'est pour ton bien et celui de nos parents. »

Sans donner plus d'explications, Emily sortit de la chambre. Alexander ne put réagir dans la minute qui suivit. Était-ce bien sa soeur qu'il venait de rencontrer ce soir? Tant de choses étranges venaient de se dérouler en si peu de temps. Cette femme aux allures fantomatiques l'avait paralysé jusqu'à douter au plus profond de son être. Pourquoi tant de secret? Une attitude aussi énigmatique? Le jeune homme, l'air perplexe, ne put envisager de continuer la soirée en compagnie de son amie. Il ne put que la raccompagner, le regard absent jusqu'à son hôtel. De ce fait, il ne remarqua pas la moto qui le suivait avec un intérêt certain.

« Si je peux faire quelque chose...

- Non... je suis désolé pour la soirée. Je suis un peu perdu là.

- Je comprends... Quelle femme incroyable! Ne put se retenir d'ajouter la petite blonde.

- Tu l'as dit.. Quelle femme »

Sur ces derniers mots, Alexander fit une bise sans trop insister à Christa puis remonta à bord de sa petite voiture sans trop de conviction. Un sentiment de honte à peine perceptible commençait cependant à se répandre sur son faciès maintenant renfermé. Il ne savait rien de sa soeur, elle avait raison sur ce point. Alexander n'avait jamais entretenu de réelles relations, comme le font les frères et soeurs, avec Emily. Toujours en retrait parce que bien plus jeune, il se désespérait un jour de l'intéresser. Et puis, il y avait Jasper. Ce dernier était tout pour elle. Alexander avait pensé à tord que sa mort permettrait de tisser de véritable lien avec Emily mais l'opposé s'était produit. Il ne l'avait plus vu depuis cet événement tragique. Il se demandait encore comment elle avait pu accepter de passer quelques jours avec sa famille à Nice. La petite voiture démarra en trombe et se perdit peu à peu au milieu de la circulation à cette heure tardive de la nuit.

Ressassant les péripéties de ce soir, Christa n'en revint pas. Elle voyait en Emily une sorte d'ange gardien, toujours présente quand une vie, entre autre la sienne, était en danger. Malgré son regard glacial, la précision systématique voir robotique de chacun de ses mouvements, cette femme avait un coeur, elle l'avait senti. Il battait si fort à en exploser lorsque sa propriétaire s'était saisi de la petite blonde! Cette femme, si inexpressive, si implacable, si taciturne de par l'apparence avait un point faible...

' Elle tient à toi' rêva Christa. 'Non, elle a dû avoir peur comme tout le monde et c'est pour ça que son coeur battait si vite...'

Perdue au fin fond de ses pensées, Christa ne réalisa pas tout de suite qu'elle se trouvait encore sur le tapis du trottoir menant à l'entrée du palace. Une brise légère la ramena progressivement dans le monde réel mais pas seulement. Elle sentit le foulard de soie rose qu'elle avait noué autour de son cou se détacher et virevolter avec élégance le long du building. Le bout de tissu allait et venait dans un mouvement frénétique mais toujours tempéré entre les passants pressés de rentrer chez eux, les voitures roulant à vive allure, les lumières dont le halo noircit par les vapeurs urbaines tentaient tant bien que mal de persister. Le fuyard se faufila dans une rue étroite, singulière de par son obscurité. Aucun lampadaire, aucun phare, aucune fenêtre allumée. Heureusement, l'astre nocturne était de sortie. La pleine lune, de par ses rayons opaques, perçait de ci de là entre deux containers vides, une carcasse de voiture brûlée, une échelle de secours rabaissée.

Concentrée sur le brocard malicieux, Christa ne vit pas les yeux perçants qui la fixaient depuis le bout de la ruelle qui formait une impasse. Elle ne vit pas non plus l'incertitude et la perplexité assorties à ce regard. Alors qu'elle se penchait accroupie pour ramasser la fibre fugitive dont la course s'était terminé au pied du mur d'un immeuble, l'entité affermit son choix et s'élança avec vigueur. Christa se releva d'un trait, face au mur de la bâtisse, ravie d'avoir récupéré son bien. Elle se retourna afin de revenir sur ses pas.

Sans prendre garde, Christa se retrouva plaquée fermement contre le mur de l'immeuble. Un inconnu venait à l'instant de se ruer sur elle. Son visage était dissimulé dans le noir. Il s'empara fermement les poignets de la jeune femme et les tint immobiles au dessus de sa tête blonde. Il colla son corps tout contre le sien et dès lors Christa découvrit qu'il n'était pas question d'un homme mais d'une femme.

L'assaillante semblait bien plus grande que la jeune française car elle se pencha presque pour permettre à son corps de s'encastrer avec le sien. Bien que le choc fut grand, il n'y avait aucune violence dans ses gestes. Un certain désir, plus que palpable émanait de ce corps sculptural maintenant illuminé par la faible lueur accordée par l'astre du soir. Une certaine retenue mêlée à une sensation de douceur guidèrent la conduite inconnue.

Christa, troublée et quelque peu ébranlée étudia l'étrangère. Une tenue sombre, très sombre, dont les plis induits par leur porteuse sonnaient comme des craquements. Du cuir dont l'odeur était mêlée à un parfum enivrant. « Jungle » de Kenzo. De longs cheveux tout aussi sombres, raides et soyeux. Et toujours ce visage masqué par la pénombre.

Les deux mains de Christa jusque là séparées se retrouvèrent liées et retenue par une main uniquement. L'autre membre dès lors libéré put se concentrer dans une tâche bien plus mouvante. L'index de l'inconnue s'attarda dans un premier temps sur le contour des yeux puis des lèvres pour enfin s'attarder dans le cou. Ce fut dans un deuxième temps, une main qui s'aventura sur les extrémités des sein, le ventre et enfin les hanches. Tout se déroulait sans qu'aucune parole n'émerge entre les deux femmes. Christa ne se sentait pas en danger malgré la secousse engendrée par cette visite impromptue. Ce parfum, elle l'avait déjà respiré la veille.
Christa sentit la cuisse de la grande femme se frayer un chemin entre les siennes, pressant avec plus de vigueur le petit corps prisonnier. Elle n'avait plus du tout le contrôle de la situation et toute protestation semblait inutile. Un éclat de lune laissa percevoir deux yeux d'un bleu majestueux, aussi limpide qu'un ciel d'été. Une détermination absolue se reflétait dans les deux pupilles fixes.

Emily sentit son coeur accélérer la cadence au point de lui faire mal. De son côté, Christa bien que paralysée physiquement, elle le devint également intellectuellement. Quel stupéfiant ressentiment s'insinuer en elle? Elle ne pouvait le décoder ni même le nommer. Le visage de l'australienne s'approcha avec une lenteur extrême. Maintenant, son visage dans son intégralité était visible bien qu'éclairé faiblement. Christa fut éblouie par cette vision.

« Lâche moi! »

Ces deux mots avaient été prononcés presque machinalement par la jeune blonde et avec une certaine autorité. Elle n'avait jamais apprécié ces personnes que l'on qualifiait de dominantes. Mais au moment précis où ces paroles furent dites, une tout autre raison expliquait ce comportement. Bien qu'elle admira Emily, elle ne souhaitait peut-être pas la connaître de cette façon. Et en y réfléchissant bien, Emily devait avoir de nombreux prétendants. Être un jouet? Il y en était hors de question.

L'australienne sursauta intérieurement. Elle s'était sans doute trompée au sujet de la française. Sans doute? Non c'était sûr. Même elle se sentait perdue parmi la foule de désirs et envies qui l'habitaient. Elle se souvenait avec précision et exactitude du premier jour, de leur première rencontre dans ce petit restaurant. Son apparition avait fait des émules comme d'habitude. Emily connaissait son pouvoir de séduction, en usait et abusait à volonté. Mais ce jour-là, quelque chose d'indescriptible se produisit. La petite femme qui l'accueillit à la table avec un sourire radieux provoqua en elle une nuée d'émotions insoupçonnées. Comment un simple regard, un simple geste, un simple sourire pouvait être aussi déterminant? Était-ce cela que l'on nommait destinée?

'Quand on rencontre le grand amour, on le sait tout de suite et c'est tout' lui répétait sa mère dans sa jeunesse pour la rassurer. Emily était une femme droite, déterminée et confiante. Maîtriser ses propres émotions était son point fort. Était-ce dû surtout au fait qu'elle n'ait jamais rencontré la personne dans sa vie qui la bouleverserait jusqu'au plus profond de son âme? Elle l'ignorait jusqu'à présent.

Christa avait été étonnée et impressionnée comme bon nombre devant elle. Si d'ordinaire, elle trouvait cela distrayant, cette fois-ci, un mal-être probant s'était emparée d'elle. Incapable de laisser percevoir le moindre de ses sentiments depuis toujours, elle en avait fait de même pou Christa. Peu de coup d'oeil lancés en sa direction et une seule phrase prononcée de tout le repas. Malgré tout, cette unique tentative de s'exprimer s'était avérée payante. La française semblait intriguée. Était-ce un bien ou un mal? Difficile à dire car Emily avait la tête sur les épaules. 'Tu as le begin pour elle, un point c'est tout' se convainquit elle sans y parvenir. De toutes les histoires d'amour qu'elle avait connu, aucune n'avait impliqué une femme. Cela provoqua d'ailleurs une frustration certaine. Elle ne pouvait maîtriser cette attirance alors qu'il s'agissait bel et bien d'une personne du même sexe. Une personne qui par la même occasion allait bientôt finir dans les filets de son frère...

Emily reprit ses esprits. Elle abandonna peu à peu son étreinte jusqu'à délivrer les poignets de sa captive. Elle s'écarta précautionneusement, sa déception dissimulée. Un pas de plus et elle disparaîtrait dans la pénombre de la ruelle. Pourtant la suite des évènements fut différente.

Christa agrippa Emily, une main s'appropriant avec délicatesse sa hanche, l'autre capturant sa nuque et ramenant naturellement vers elle sa tête. Son regard croisa celui de la brune et s'y oublia une bonne minute. Les deux êtres s'observèrent et se cherchèrent mutuellement. Emily approcha alors ses lèvres un peu plus près du visage de la française et frôla ses lèvres à demi entre ouvertes. Au lieu de s'y attarder, elles caressèrent une joue avec une douceur inouïe puis se dirigèrent avec lenteur en direction du cou. Emily s'imprégna de l'aura de la jeune femme tout comme de son parfum ensorcelant. Christa se pencha à peine et contre toute attente retira son emprise sur l'australienne.

« Je ne veux pas Emily, arrête, s'il te plaît. Cette sensation... c'est bizarre... »

Emily se recula brusquement, le regard effrayé. Que venait-il de se passer? Comment était-ce possible de côtoyer le paradis quelques instants et de retomber en enfer en si peu de temps? Elle s'était montrée trop aventureuse, trop compulsive. Une véritable gamine incapable de se contenir. Il était normal que Christa réagisse ainsi. Elles ne se connaissaient pas vraiment et puis... elle n'osa pas penser à la suite.

D'un seul coup, Christa se retrouva seule dans la ruelle. Emily s'était comme volatilisée, elle ne l'avait même pas vu se retirer. Elle entendit seulement au loin le moteur d'un bolide à deux roues démarrer avec hâte. Elle s'écroula contre le mur et attendit que son coeur retrouve un rythme normal. Ce qui venait de se passer était irréel. Emily avait fait preuve d'une certaine audace mais aussi d'un courage indéniable en exprimant ouvertement et avec autant de retenue ses sentiments. Était-elle venue ce jour afin de la voir elle et uniquement elle? La fameuse discussion avec son frère était-elle une ruse afin de l'approcher?

Marchant péniblement à tâtons dans la ruelle, elle se dirigea vers la lumière de la grand rue et rejoignit sa chambre d'hôtel. Encore tremblante, elle se rendit sur le balcon où une vue imprenable l'attendait. Tenant frénétiquement la rambarde comme pour ne pas tomber à la renverse, les cheveux flottant au vent, Christa se repassa mentalement la scène qui venait de se dérouler. Une femme lui avait fait des avances. 'Une femme' se répéta t-elle. L'expérience homosexuelle était loin de l'avoir intéressée dans sa jeunesse. Elle n'avait jamais pu regarder et considérer une femme autrement que comme une amie tout au plus. Elle était sortie avec peu d'hommes au cours de sa vie, mais aucune relation ne s'était avérée désastreuse des suites du sexe de son partenaire.

'Une femme'... Impossible de sortir cette idée de la tête. Trop choquée par cette simple dénomination, elle tenta de se tranquilliser en pensant à Alexander. Elle se persuada que sa venue en Australie n'avait que deux objectifs: retrouver son ancien camarade de classe et amadouer l'un des plus grands chefs du pays pour son propre profil en France.

'Tu es allée chez elle! Devant sa porte!' Une petite voix intérieure se fit entendre contrant chaque argument laissant à prouver que Christa n'était pas attirée ou ne serait-ce intriguée par Emily. 'Tu as fais des pieds et des mains pour trouver son adresse et la contacter'; 'C'est elle que tu es allée voir en premier et non pas Alexander'; 'Tu as même osé mater ses fesses!'.

« Et alors! Ce n'est pas parce que cette femme m'intrigue, oui Je le reconnais! Que je suis lesbienne! » s'époumona Christa comme pour se libérer d'un poids.